Monaco-Matin

LE SOUS-MARIN LA « MINERVE » RETROUVÉ

La Marine nationale a dévoilé, hier, cette photo du sous-marin d’attaque la Minerve gisant par   m de fond et à  km au sud/sud-ouest de Toulon. Le  janvier ,  hommes ont péri dans le naufrage non élucidé du submersibl­e. Les familles espèrent

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C’est la fin d’une quête à la croisée de l’Histoire, froide et dure comme une coque d’acier, et de l’émotion toujours brûlante des proches des victimes, comme celle qui a marqué au fer rouge l’âme de Toulon un dimanche de janvier 1968 et secoué alors les esprits dans le pays tout entier.

C’est la fin d’une quête et le début du repos. Le temps du deuil sans doute, enfin, pour cinquante-deux familles, comme autant de jeunes héros tragiqueme­nt morts pour la France dans un accident de sous-marin à jamais inexpliqué. Cinquante et un ans après la mystérieus­e disparitio­n de la Minerve, c’est un tweet de la ministre des Armées Florence Parly qui a annoncé, hier matin, la nouvelle : l’épave a été retrouvée dimanche soir, vers 19 h 30, à 45 km au sud/sud-ouest de Toulon, par 2 370 mètres de fond. Sollicité par la Marine nationale à l’issue d’un appel d’offres, le Seabed Constructo­r, navire d’une compagnie

américaine spécialisé­e dans l’exploratio­n océanique, l’a localisée au bout de cinq jours à sillonner les profondeur­s.

L’inscriptio­n « MIN » sur le kiosque

Après avoir fait relancer les recherches en février, Florence Parly pouvait souligner « la prouesse technique » qui a conduit un drone sousmarin, dans un secteur délimité grand comme la ville de Paris, à repérer distinctem­ent trois morceaux du bateau étalé sur 300 m. « L’identifica­tion a pu être réalisée formelleme­nt : on lit sur le kiosque les trois premières lettres de son nom en rouge, “MIN” ,etle “S” de sous-marin », a expliqué le vice-amiral d’escadre Charles Henri du Ché, préfet maritime de la Méditerran­ée et directeur des opérations de recherche. Sous-marinier lui-même, il a, dit-il, dans « un mélange d’émotion et de satisfacti­on », eu immédiatem­ent « une pensée pour les familles ». Et de poursuivre : « Elles ont enfin une sépulture maritime .»

Pour ce faire, l’amiral a tenu à souligner « l’oeuvre collective » qui a permis cette découverte. Soit, entre autres, le fait d’allier les moyens du Commissari­at à l’énergie atomique (CEA), les premiers à avoir enregistré le signal sismique de l’implosion du sous-marin en 1968, et les compétence­s du Service hydrograph­ique et océanograp­hique de la Marine (SHOM), dont les hommes étaient notamment présents à bord du Seabed Constructo­r.

De ces données croisées et recroisées encore, de cette volonté de la Marine de ne rien laisser au hasard et de mettre en oeuvre les grands moyens, de cette enquête de huit mois entre février dernier et début juillet aura finalement accouché avec une précision certaine le lieu supposé du drame.

Au final, il se situait une vingtaine de kilomètres au sud d’où s’étaient concentrée­s les recherches en 1968.

« Un sanctuaire maritime inviolable »

Et maintenant ? À la question de savoir si des investigat­ions allaient être menées pour connaître les raisons de la perte du sous-marin, le préfet maritime s’est raidi : « Ce n’est pas le sujet. Certes, des photos continuent d’être prises par le Seabed Constructo­r. Mais moi, mon objectif était de donner une sépulture maritime dans un délai le plus court possible aux familles, ce qui a été fait. On parle là désormais d’un sanctuaire inviolable. »

À une date qui reste encore à déterminer, une cérémonie hommage avec les familles devrait être organisée en mer, au-dessus de la Minerve.

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Le kiosque du sous-marin où l’on devine les trois premières lettres de son nom et une partie du S servant à son indicatif visuel (S).
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Le « bateau noir », de type Daphné, avait enchaîné avant sa disparitio­n les exercices éprouvants de mise en condition opérationn­elle. (DR)
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Hier à la préfecture maritime à Toulon, le vice-amiral d’escadre Charles Henri du Ché, préfet maritime de la Méditerran­ée et directeur des opérations de recherche, a fait le point sur la découverte. (Photo Frank Muller)

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