Monaco-Matin

« La musique a toujours fait partie de moi »

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Des photos en noir et blanc et des affiches jaunies – aux bords écornés – tapissent le bureau. La maison de Christian Merle regorge d’archives autour du Festival de musique de Menton. Sur son ordinateur, plus de 10 000 clichés sont archivés. Depuis 1965, le photograph­e a assisté à toutes les éditions. « J’ai peutêtre manqué un ou deux concerts, car j’étais malade et cloué au lit...», nuance le Mentonnais d’adoption.

Comme chaque année, Christian Merle sera de nouveau sur le parvis de la basilique Saint-Michel à compter du 25 juillet. Et comme à chaque fois, son été sera réglé comme du papier à musique. « Je ne pars jamais en vacances au moment du Festival. D’ailleurs, je ne pense pas que j’aurais envie de m’arrêter un jour de couvrir cet événement. La musique a toujours fait partie de moi. J’adore le classique et le jazz...»

« Durant l’entracte, je pouvais les approcher »

Âgé de 82 ans, Christian Merle est originaire d’Agen. Après son école de photo et de cinéma à Paris et quelques reportages photos à l’opéra Garnier, Christian Merle tombe sur une annonce... mentonnais­e. C’était au début des années soixante. «Unphotogra­phe cherchait un technicien pour monter un laboratoir­e de photos en couleurs. C’était très novateur à l’époque. J’ai posé ma candidatur­e et j’ai été embauché. Depuis ce moment, je n’ai jamais quitté Menton. »

L’été suivant, Christian Merle assiste au Festival de musique de Menton en tant que simple spectateur. « C’était Münchinger qui jouait. Un chef d’orchestre que j’admire beaucoup...» Christian Merle propose alors à André Böröcz de faire des photos du Festival de Menton... en couleurs. « Il a accepté et c’est comme ça que l’aventure a commencé. » Le flûtiste Jean-Pierre Rampal, les pianistes Samson François et Wilhelm Kempff, le violoncell­iste russe Mstislav Rostropovi­tch... Christian Merle côtoie les grandes stars du classique. Un job en or. « C’était une époque merveilleu­se pour moi. Durant l’entracte, je pouvais les approcher et discuter avec eux. Ils étaient tous détendus et disponible­s. »

« André Böröcz était intelligen­t et malin »

Bien sûr, il y a parfois eu des bémols avec certaines stars. « Une année, la soprano américaine Jessye Norman avait interdit les photos durant le concert mais aussi les cigarettes ! Elle a même voulu faire changer la moquette de sa chambre d’hôtel » ,seremémore-t-il. De nos jours, Christian Merle travaille différemme­nt avec les musiciens. « Aujourd’hui, les artistes sont moins accessible­s et plus réservés. Ils viennent à Menton juste pour la soirée puis ils repartent à l’autre bout du globe. Les moments de complicité sont plus rares. »

Au fil des années, Christian Merle s’est lié d’amitié avec Roger Judlin, photograph­e de Nice-Matin (lire par ailleurs). Mais surtout avec le créateur du Festival, André Böröcz. Personnage charismati­que et connu pour son génie caustique. « Il était intelligen­t et malin. Il savait également repérer les jeunes talents comme le pianiste Fazil Say...» Et de se remémorer une anecdote. « Quand je pense à André, je visualise le petit radeau en bois et à moteur qu’il avait confection­né lui-même pour voguer en mer ! Au début du Festival, il n’avait pas assez d’argent pour s’acheter un bateau, alors il avait trouvé une solution ! C’était ça André, toujours de l’originalit­é et une grande vivacité d’esprit.. »

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Âgé de  ans, Christian Merle photograph­ie le Festival de musique depuis .

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