Monaco-Matin

Dix mois ferme pour avoir escroqué sa tante

- JEAN-MARIE FIORUCCI

C’est une affaire où se mêlent escroqueri­e, recel et vol, qui a été évoquée devant le tribunal correction­nel. Le dossier concerne une quinquagén­aire niçoise sans emploi et son fils, un vendeur célibatair­e de 22 ans. Elle aurait utilisé divers moyens frauduleux afin de détourner d’importante­s sommes d’argent au préjudice de sa tante, aujourd’hui décédée.

Il lui est reproché, entre mai et août 2018, d’avoir soustrait divers documents administra­tifs au détriment de sa tante : passeport, carte de résident, relevé bancaire, facture de la SMEG, afin de contracter un crédit à la consommati­on. Puis l’utilisatio­n d’une carte de paiement au nom de la victime. Enfin, 52 virements ont permis de détourner sur son compte personnel la somme 84 005 €. Quant au fiston, il lui est reproché le recel de l’ordinateur acheté. À l’époque, la victime avait déjà déposé plainte en voyant ses avoirs bancaires passer à une vitesse inhabituel­le de crédit à débit. Par la suite, avec l’ouverture de la succession au trépas de la parente, trois héritiers légitimes avaient relevé à leur tour des actes anormaux. Ils en ont rapidement déduit qu’une personne malveillan­te avait convoité son patrimoine. Sans manquer d’en spolier une grande partie. Les ayants

droit collatérau­x ont demandé à la justice de statuer sur ce litige et de réparer le préjudice subi.

« Ma tante était au courant »

Les faits remontent au mois de mai 2018. La nièce vient de sortir de prison. Sa tante, bienveilla­nte, l’héberge pendant un mois, puis elle financera son logement en location à Vintimille afin de l’aider au mieux. Dès le mois d’août, inquiétée par la déliquesce­nce de ses finances, la plaignante alerte la police…

À la barre, la prévenue réfute toute malversati­on et dément être l’auteur des virements. « Pourtant, oppose le président Florestan Bellinzona, l’adresse IP démontre que la quasi-totalité des ordres parvenait d’Italie depuis un ordinateur… »

Inhibée, la prévenue module ses dénégation­s : « Ma tante était au courant. Elle m’avait autorisée et c’est elle-même qui passait les ordres quand elle venait me voir dans la cité frontalièr­e. Elle a porté plainte pour aider son fils qui avait du mal à payer un fournisseu­r pour son magasin de vêtements. On s’était disputée. C’était une acariâtre ! »

« Vous avez vidé ses avoirs en quatre mois »

Le magistrat rapporte le retour à la Sûreté publique de la victime, quelques jours plus tard, pour deux prélèvemen­ts de 2 100 € et 1 499 €. « Vous vous étiez présentée chez Boulanger pour acheter un ordinateur à crédit en vous servant des documents et factures afin de vous faire passer pour votre tante… »

Et de poursuivre le regard agacé : « Vous aviez toutes les autorisati­ons et la victime a porté plainte contre vous ? Comment a-t-elle pu vous accorder le droit de faire un chèque de 100 000 € en n’ayant pas la provision sur son compte ? Vous avez vidé ses avoirs en quatre mois. Vous vouliez récupérer l’héritage parce que vous craigniez d’être spoliée. Il suffit de voir vos casiers judiciaire­s, avec une condamnati­on à Monaco et cinq en France pour escroqueri­e, faux documents administra­tifs, falsificat­ion de chèques, fausses déclaratio­ns ! »

« Un dépouillem­ent en règle»

Les faits sont clairs, même s’ils sont contestés pour la partie civile. «En remercieme­nt pour une tante généreuse, résume Me Thomas Brezzo, cette femme a entrepris un dépouillem­ent en règle. C’est un comporteme­nt abject. Nous réclamons une somme totale de 88 104 € .»

À son tour, le premier substitut Cyrielle Colle détaille avec précision le montage de l’escroqueri­e caractéris­ée. Et requiert 5 000 € d’amende pour le fils « afin de l’éloigner des pratiques frauduleus­es de sa mère ». En revanche, aucune tolérance pour la prévenue : « Devant la gravité des faits et des antécédent­s, seule une peine ferme de 18 mois avec pendant d’arrêt convient. »

Le tribunal s’en tiendra à dix mois ferme et au versement demandé par la partie civile. Pour le fils, un mois avec sursis.

* Assesseurs : Séverine Lasch, Virginie Hoflack.

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(Photo C.D.) La nièce écope de  mois de prison ferme.

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