Monaco-Matin

70 Festival de Menton : six directeurs en soixante-dix ans

Dans le cadre de cette balade historique à travers les 70 ans du Festival, Nice Matin passe en revue aujourd’hui les six directeurs artistique­s, depuis le créateur André Börocz à Paul-Emmanuel Thomas actuelleme­nt

- ANDRÉ PEYREGNE

Le

e Festival de Menton a eu six directeurs : de 1950 à 1998 son fondateur André Böröcz, en l’an 2000 le pianiste niçois et directeur de la Salle Gaveau à Paris Jean-Marie Fournier, de 2001 à 2005 le célèbre violoniste Augustin Dumay, de 2006 à 2008 le grand pianiste Jean-Bernard Pommier, de 2009 à 2011 l’ancien collaborat­eur et ami d’André Böröcz, Jean-Marie Tomasi, et depuis 2012 le chef d’orchestre et directeur du conservato­ire de Menton Paul-Emmanuel Thomas.

La direction de l’édition 1999 du festival fut assurée à titre intérimair­e par l’épouse d’André Böröcz, Jacqueline, après le décès de son mari le 28 décembre 1998. Nous ne reviendron­s pas sur la personne et la personnali­té d’André Böröcz, que nous avons largement évoquée par ailleurs.

Un concert à la frontière

Le choix de son successeur, Jean-Marie Fournier, en l’an 2000 se fit à Paris, à la Salle Gaveau. Ce pianiste niçois (que l’on connaît également comme directeur des « Masters » de piano, de violon et de chant de Monaco) s’était illustré dans le monde de la musique en 1964 en rachetant la célèbre salle de concert parisienne qui, en faillite, était destinée à devenir un parking !

C’est dans cet immeuble de la Salle Gaveau que se trouvait le bureau d’André Böröcz à Paris. On n’eut donc pas à aller chercher très loin le nouveau directeur du festival. La personne de Jean-Marie Fournier s’imposa.

Mais les choses ne furent pas aussi simples que prévu. Pour marquer son arrivée de manière spectacula­ire, le nouveau directeur organisa un grand concert à la frontière francoital­ienne avec Montserrat Caballe et Roberto Alagna. Il fit monter une scène et dresser des gradins géants. Cette opération s’avéra un gouffre financier. Le contrat de Jean-Marie Fournier ne fut pas renouvelé.

En 2001, le maire JeanClaude Guibal se tourne vers Radio-France. L’idée est intéressan­te. Les grands concerts du Festival seront retransmis par France-Musique. Le directeur administra­tif du Festival sera JeanMarie Tomasi, qui a l’habitude de travailler avec Radio-France au festival de Montpellie­r mais qui, surtout, a été l’un des plus proches collaborat­eurs d’André Böröcz. Les deux hommes se sont rencontrés en 1977 lorsque Jean-Marie Tomasi était adjoint au maire sous le mandat du Général Aubert. Ils ont tout de suite lié une solide relation d’amitié et de confiance. En 1991, Jean-Marie Tomasi a été nommé directeur adjoint du Festival aux côtés d’André Böröcz, mais est ensuite parti poursuivre sa carrière au Venezuela. Radio France propose comme directeur artistique, aux côtés de l’administra­teur Jean-Marie Tomasi, le nom du grand violoniste Augustin Dumay. Propositio­n acceptée par le maire.

Des liens avec la Russie

Lorsqu’en 2006, Augustin Dumay décide de quitter le Festival pour des raisons personnell­es, un autre grand soliste est nommé pour le remplacer, le pianiste Jean-Bernard Pommier, Jean-Marie Tomasi demeurant directeur administra­tif. Jean-Bernard Pommier, ce pianiste virtuose français qui fut, à 17 ans, en 1962, le plus jeune finaliste de l’histoire du grand concours internatio­nal Tchaïkovsk­y à Moscou, a tissé des liens étroits avec la Russie. Il fait venir beaucoup de musiciens et orchestres de ce pays au Festival de Menton. Il crée l’orchestre symphoniqu­e Menton-Saint Pétersbour­g. Mais les déplacemen­ts et les hébergemen­ts de ces musiciens s’avèrent trop coûteux. Au bout de deux ans, le contrat de Jean-Bernard Pommier n’est pas renouvelé. Reste Jean-Marie Tomasi à la direction administra­tive du Festival. L’idée s’impose alors que ce fidèle d’André Böröcz pourrait devenir en même temps le directeur artistique.

Entre passé et modernité

C’est ainsi que Jean-Marie Tomasi prend seul les rênes du Festival en 2009. Le festival retrouve l’esprit des « années Böröcz ». Des artistes légendaire­s reviennent sur le parvis : Martha Argerich, Ivry Gitlis, Maria-Joao Pires. Le parvis retrouve son public.

En 2012, Paul-Emmanuel Thomas succède à JeanMarie Tomasi. Une nécessité s’impose à lui : savoir trouver un juste équilibre entre un respect du passé et une ouverture vers l’avenir. Paul-Emmanuel Thomas est parvenu à assurer ce précieux équilibre. Le public – les « anciens » et les « nouveaux » - lui a donné raison. À lui d’assurer la pérennité du Festival…

 ??  ?? De gauche à droite, André Böröcz, fondateur du Festival et directeur artistique de  à  ; Jean-Marie Fournier ; Augustin Dumay ; Jean-Bernard Pommier ; Jean-Marie Tomasi (ici avec les Soeurs Labêque) et Paul-Emmanuel Thomas. (Photos d’archives Christian Merle, Nice-Matin et DR)
De gauche à droite, André Böröcz, fondateur du Festival et directeur artistique de  à  ; Jean-Marie Fournier ; Augustin Dumay ; Jean-Bernard Pommier ; Jean-Marie Tomasi (ici avec les Soeurs Labêque) et Paul-Emmanuel Thomas. (Photos d’archives Christian Merle, Nice-Matin et DR)
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