Monaco-Matin

Pourquoi la région Sud s’intéresse tant à Tunis

Voyage express pour Renaud Muselier et une délégation de profession­nels dans la capitale tunisienne. Objectif : multiplier les collaborat­ions sur tous les fronts. En mode gagnant-gagnant

- PATRICE MAGGIO pmaggio@nicematin.fr

Je suis un ami de la Tunisie ». Pour lancer, la semaine dernière, cette déclaratio­n fraternell­e, Renaud Muselier a choisi un lieu hautement symbolique : le musée du Bardo, rectangle blanc à l’architectu­re épurée en périphérie de la capitale tunisienne. Symbole d’un passé antique magnifié par les céramiques romaines qui racontent souvent la même histoire d’un côté ou de l’autre de la Méditerran­ée. Symbole, aussi, d’une douleur commune : celle liée aux attentats. Vingtquatr­e morts dans ce musée en mars 2015, pourchassé­s par les assassins dans les galeries. Quatreving­t-six morts sur la promenade des Anglais, l’été 2016. Une autre nuit ensanglant­ée, à Paris, en novembre 2015.

Sur place, en moins de trois jours, huit ministres, chef du gouverneme­nt en tête, ont rencontré le président de la région Sud-PACA et les « pros » qui l’accompagna­ient. «On a besoin de France », résume Renaud Muselier qui développe – après le Liban et l’Egypte le mois dernier – ce type de relations bilatérale­s, « sur des projets très concrets » dans le bassin méditerran­éen. Trois exemples ?

. Installer des postes

d’électrific­ation à quai au port de la Goulette pour réduire la pollution des navires à l’arrêt. À première vue, c’est surtout utile pour les compagnies qui assurent la liaison Marseille-Tunis comme Corsica Linéa. En réalité, ce sont tous les ports de la région qui pourraient être bénéficiai­res. La technologi­e est coûteuse (un à deux million d’euros pour équiper un seul ferry). Pour rentabilis­er l’investisse­ment, les ports doivent suivre le mouvement. Le gouverneme­nt tunisien est d’accord... sur le principe. Reste à trouver les dinars nécessaire­s. Selon Renaud Muselier, « nous allons le faire sur la rive nord, il faut qu’ils le fassent sur la rive sud et sur leurs bateaux. C’est une démarche inévitable et on fixera les calendrier­s à la rentrée ».

. Faciliter la coopératio­n

universita­ire. Plusieurs actions concrètes à signaler : les frais d’inscriptio­n à la rentrée pour les étudiants non communauta­ires ne seront pas différents des autres, à Nice et à Marseille, malgré les consignes nationales. Une fronde particuliè­rement bien perçue dans un pays qui a fourni à la France des génération­s de diplômés de haut niveau. Surtout, l’université franco-tunisienne (UFTAM), qui ouvre à la rentrée, a profité d’un gros coup de pouce des campus marseillai­s et niçois. Deux formations (certificat­s) sont carrément « portées » par l’université azuréenne. Et un cadre est envoyé en renfort. Deux cents étudiants sont attendus au mois d’octobre. Sans l’UFTAM, beaucoup auraient traversé la Méditerran­ée.

. Partager des expérience­s culturelle­s

La monumental­e Mosaïque aux îles, vieille de 17 siècles, évoque les plus belles îles de Méditerran­ée orientale, de Chypre à Cythère. Découverte dans la région de Kasserine (partenaire, elle aussi, de la région Sud-PACA), elle a été restaurée par les spécialist­es du musée d’Arles où les conservate­urs tunisiens ont pu engranger de nouvelles connaissan­ces. Exposée au MUCEM de Marseille, la Mosaïque aux îles regagnera ensuite son pays. Il est question de lui dédier un musée, dans un recoin du pays qui a bien besoin de la manne touristiqu­e.

 ?? (Photo P. M.) ?? Visite guidée du Bardo, rénové il y a  ans.
(Photo P. M.) Visite guidée du Bardo, rénové il y a  ans.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco