Pourquoi la région Sud s’intéresse tant à Tunis
Voyage express pour Renaud Muselier et une délégation de professionnels dans la capitale tunisienne. Objectif : multiplier les collaborations sur tous les fronts. En mode gagnant-gagnant
Je suis un ami de la Tunisie ». Pour lancer, la semaine dernière, cette déclaration fraternelle, Renaud Muselier a choisi un lieu hautement symbolique : le musée du Bardo, rectangle blanc à l’architecture épurée en périphérie de la capitale tunisienne. Symbole d’un passé antique magnifié par les céramiques romaines qui racontent souvent la même histoire d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée. Symbole, aussi, d’une douleur commune : celle liée aux attentats. Vingtquatre morts dans ce musée en mars 2015, pourchassés par les assassins dans les galeries. Quatrevingt-six morts sur la promenade des Anglais, l’été 2016. Une autre nuit ensanglantée, à Paris, en novembre 2015.
Sur place, en moins de trois jours, huit ministres, chef du gouvernement en tête, ont rencontré le président de la région Sud-PACA et les « pros » qui l’accompagnaient. «On a besoin de France », résume Renaud Muselier qui développe – après le Liban et l’Egypte le mois dernier – ce type de relations bilatérales, « sur des projets très concrets » dans le bassin méditerranéen. Trois exemples ?
. Installer des postes
d’électrification à quai au port de la Goulette pour réduire la pollution des navires à l’arrêt. À première vue, c’est surtout utile pour les compagnies qui assurent la liaison Marseille-Tunis comme Corsica Linéa. En réalité, ce sont tous les ports de la région qui pourraient être bénéficiaires. La technologie est coûteuse (un à deux million d’euros pour équiper un seul ferry). Pour rentabiliser l’investissement, les ports doivent suivre le mouvement. Le gouvernement tunisien est d’accord... sur le principe. Reste à trouver les dinars nécessaires. Selon Renaud Muselier, « nous allons le faire sur la rive nord, il faut qu’ils le fassent sur la rive sud et sur leurs bateaux. C’est une démarche inévitable et on fixera les calendriers à la rentrée ».
. Faciliter la coopération
universitaire. Plusieurs actions concrètes à signaler : les frais d’inscription à la rentrée pour les étudiants non communautaires ne seront pas différents des autres, à Nice et à Marseille, malgré les consignes nationales. Une fronde particulièrement bien perçue dans un pays qui a fourni à la France des générations de diplômés de haut niveau. Surtout, l’université franco-tunisienne (UFTAM), qui ouvre à la rentrée, a profité d’un gros coup de pouce des campus marseillais et niçois. Deux formations (certificats) sont carrément « portées » par l’université azuréenne. Et un cadre est envoyé en renfort. Deux cents étudiants sont attendus au mois d’octobre. Sans l’UFTAM, beaucoup auraient traversé la Méditerranée.
. Partager des expériences culturelles
La monumentale Mosaïque aux îles, vieille de 17 siècles, évoque les plus belles îles de Méditerranée orientale, de Chypre à Cythère. Découverte dans la région de Kasserine (partenaire, elle aussi, de la région Sud-PACA), elle a été restaurée par les spécialistes du musée d’Arles où les conservateurs tunisiens ont pu engranger de nouvelles connaissances. Exposée au MUCEM de Marseille, la Mosaïque aux îles regagnera ensuite son pays. Il est question de lui dédier un musée, dans un recoin du pays qui a bien besoin de la manne touristique.