Monaco-Matin

Alaphilipp­e est tombé du podium

Egan Bernal a parfaiteme­nt défendu son Maillot Jaune sur ce dernier opus alpin de 59,5 km. L’ultime montée vers Val Thorens aura été fatale à Julian Alaphilipp­e, éjecté du podium

- Textes : Romain LARONCHE, à Val Thorens

Ce Tour aura été plein de rebondisse­ments pendant trois semaines. Les Français auront tenu des rôles principaux et tout le pays a longtemps cru enfin trouver un successeur à Bernard Hinault, après 34 ans d’attente. Mais ce matin, la lecture du classement général est finalement banale. Ineos, ex Sky, va s’imposer ce soir pour la septième fois en huit ans et même signer un nouveau doublé, sept ans après Wiggins-Froome. Certes, cette victoire fut plus difficile à aller chercher, mais le constat est implacable. Les Britanniqu­es, sûrs de leurs forces, ont encore été les plus réguliers sur trois semaines et cela leur offre les deux plus belles places sur le podium final.

Ce n’est pas une démonstrat­ion, mais un nouveau coup de maître avec Bernal, qui devient le premier Colombien à s’imposer et incarne l’avenir à 22 ans (lire page suivante) et Thomas qui a démontré, à 33 ans, qu’il restait extrêmemen­t compétitif sur trois semaines, malgré une préparatio­n tronquée.

« Je m’attendais à exploser »

Bien sûr, pendant longtemps, on se demandera si cette domination aurait pu être mise à mal par un Thibaut Pinot en pleine possession de ses moyens. Mais le Tour est impitoyabl­e et finit par essorer les hommes. Hier, c’est Julian Alaphilipp­e qui en a fait l’amer constat. Celui qui a porté le Maillot Jaune pendant 14 jours était encore 2e hier en début d’après-midi, mais il savait que sa place sur le podium ne tenait plus qu’à un fil. Certes l’étape était courte (59,5 km), mais l’ultime montée, de 33,4 km à 5,4 % vers Val Thorens, disputée dans des conditions fraîches mais sans pluie, aura été trop longue de 13 bornes. Le numéro 1 mondial a cédé 3 minutes sur le groupe des favoris. Thomas (à 28 secondes), Kruijswijk (à 40’’) et Buchmann (à 1’07’’) lui sont passés devant sans avoir eu besoin de trop s’employer. « C’était l’objectif au début du Tour, a affirmé le Néerlandai­s, qui monte pour la première fois de sa carrière sur le podium d’un grand Tour à 32 ans. Je suis très heureux d’obtenir cette troisième place car la bataille aura été difficile et ouverte jusqu’au bout, mais Bernal était difficile à battre» . Le Montluçonn­ais, qui n’avait pas quitté les deux premières places du général depuis la 3e étape, terminera, lui, ce soir au 5e rang. Finalement, son aventure rappelle celle de Thomas Voeckler en 2011, qui avait porté pendant 10 jours le Maillot Jaune, avant de céder dans les Alpes et de terminer 4e. « J’ai tout donné, c’était difficile de faire mieux, a expliqué le coureur de Deceuninck, peu après l’arrivée. Je m’attendais à exploser à un moment ou un autre. J’ai quand même bien tenu. Je suis très fier de ce que mon coéquipier Enric Mas a fait. Sans lui, j’aurais explosé et fini à un quart d’heure. J’étais 2e avant l’étape, mais finir 2e ou 50e c’était la même chose pour moi. Ce n’est que du sport. Je me suis battu, car je ne voulais pas avoir de regrets. Je ne peux qu’être fier de mon Tour. C’est bien au-delà de ce que j’avais imaginé. Je suis fier de ce qu’on a fait et je finis exténué. »

A 27 ans, celui qui avait jusqu’alors un profil de coureur de classiques va-t-il pour autant modifier sa préparatio­n pour viser la victoire dans le Tour l’année prochaine ?

Sa réflexion est en cours. Mais avec l’avènement de Bernal, la performanc­e de Thomas et le retour programmé de Froome l’an prochain, sa marge de manoeuvre sera forcément très étroite.

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Bernal trop fort pour Alaphilipp­e.
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