Monaco-Matin

Le Festival de Menton et les grands écrivains

- A.P.

Parmi les personnali­tés qui ont fréquenté le Festival de Menton, on trouve beaucoup d’écrivains. Ils ont souvent écrit des lignes remarquabl­es.

■ Jean Cocteau, habitué de la première heure du Festival : « Le Festival de Menton charme tous les orchestres du monde… Voilà les sortilèges d’un opéra dont le lustre est d’étoiles, les loges de chambres, la rampe de lune et de torches, le silence de cette longue rumeur des rues et des vagues… »

■ André Maurois, de l’Académie française : « A Menton, le soir sous un ciel étoilé, dans l’angle que forment deux anciennes et charmantes églises, les minutes chargées d’émotion prennent tout leur poids. Enveloppés par la douceur du climat méditerran­éen, hommes et femmes, en écoutant dans l’obscurité ces duos fraternels, ces quatuors sublimes, se sentent transporté­s dans un monde irréel… Quand la mélodie se tait, on se sépare avec émotion et regret. Des inconnus, dans la pénombre, échangent des sourires parce qu’ils ont goûté ensemble les mêmes plaisirs et retrouvé les mêmes souvenirs, tendres ou mélancoliq­ues. Musique et poésie unissent les hommes. Menton, qui est la poésie même, nous offre chaque été la musique la plus noble. »

■ Romain Gary, double Prix Goncourt : « J’avoue qu’il entre dans mon affection pour ce Festival une bonne part de tendresse pour la petite place Saint-Michel à Menton, qui l’a vu naître et qui est peut-être mon endroit préféré sur cette terre. »

■ Robert Kemp, de l’Académie française, célèbre critique théâtral du Monde : « Menton est un des lieux où souffle l’esprit pur de la musique. Son Festival est une halte bénie au centre de l’année laborieuse. Ici, la mauvaise musique est interdite et la médiocre rigoureuse­ment tenue à l’écart. Peu à peu, ce lieu va devenir un lieu sacré, une colline inspirée. »

■ Jean Ballard, créateur des Cahiers du Sud : «Ilfautdela persévéran­ce pour maintenir dans une petite ville un festival digne des plus grandes. Nous retrouvons ici les vertus des podestats de la Renaissanc­e, l’énergie de ces humanistes pour qui la défense de l’esprit fut un sacerdoce. Si j’avais à donner ma voix pour élire un lieu propice à la retraite intellectu­elle, une terre de douceur et d’accueil proprement méditerran­éenne, c’est à Menton qu’elle irait. » ■ Émile Vuillermoz, créateur de la critique cinématogr­aphique en France : « Adossée au porche de l’église, une estrade fleurie accueille les musiciens. Sur le parvis, sur les terrasses en encorbelle­ment et sur les marches des escaliers garnis de coussins s’entasse une foule fervente avide de musique. Ce spectacle est éclairé par des chandelles, des torches aux flammes échevelées et par les riches lanternes ciselées que des corporatio­ns de pénitents brandissai­ent jadis dans les procession­s rituelles. Il règne dans cette clairière enchantée une spirituali­té diffuse qui s’empare de toutes les sensibilit­és. Les oeuvres de toutes les époques y prennent un relief inattendu. Lorsque Gérard Souzay commença son récital par une mélodie de Guillaume de Machaut intitulée Douce Dame jolie, cette archaïque arabesque vocale rencontra dans ces rues médiévales une adhésion secrète qui l’enrichit d’une émotion dont elle n’aurait jamais bénéficié dans une salle de concert parisienne. » ■ Bernard Gavoty, critique musical « historique » du Figaro : « Peu de villes de festival sont aussi accueillan­tes que Menton… Devant nous, la façade de l’église Saint-Michel étage ses statues baroques. Au centre, l’archange darde sans autrement de conviction son glaive vers un démon qui n’en a cure et paraît suivre avec un vif intérêt la musique qui se joue à trois mètres sous lui. L’orchestre de chambre de Monte-Carlo joue le Concerto du couronneme­nt de Mozart. En l’écoutant, on se dit que le miracle de l’absolue beauté est dans la parfaite simplicité… Le concerto s’achève et la lune, tout là-haut perchée, s’auréole d’un petit nuage arqué : elle met le point d’orgue à la soirée. »

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Jean Cocteau aux côtés du grand chef d’orchestre Karl Munchinger. (Photo archives Christian Merle)
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