Monaco-Matin

Les spécialist­es divisés sur l’impact

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Les scientifiq­ues sont divisés sur l’impact de la présence des humains au plus près des mammifères marins.

Alexandre Gannier, président du Groupe de recherche sur les cétacés (GREC), estime que « comme les autres mammifères, baleines, cachalots et dauphins ont besoin de temps de tranquilli­té pour se reposer, pour socialiser et se reproduire, ainsi que pour se nourrir bien sûr. Pour cette raison, le code de bonne conduite mis au point par des experts stipule qu’une distance d’au moins 100 mètres doit séparer les cétacés des bateaux observateu­rs. Cette distance est une condition nécessaire à l’observatio­n respectueu­se des cétacés sauvages » .Sur son site, l’associatio­n déconseill­e évidemment aux observateu­rs de se mettre à l’eau.

Pas de problème majeur Philippe Maurt, docteur des université­s Paris Descartes & Sorbonne, chargé d’un cours sur l’éthologie des cétacés, ne partage pas cet avis : « Sur le plan scientifiq­ue, la vision de la situation par les associatio­ns est très alarmiste. La Méditerran­ée nord occidental­e est, à ce titre-là, la plus sécure. Il n’y a pas d’accident, pas d’étude montrant des conséquenc­es sur les dauphins », dit-il, évoquant précisémen­t l’activité de nage avec ces mammifères.

Cet éthologue antibois a rédigé

(1) une expertise, en 2013, à la demande du Collectif des opérateurs marins profession­nels azuréens (Compa), dans laquelle il conclut : « La situation du moment ne laisse pas découvrir de problème majeur avec les différente­s espèces présentes au sein du sanctuaire Pelagos. Aucune espèce animale ne se trouve affectée dans son développem­ent ontogénéti­que

(2) par la présence d’observateu­rs marins. Il n’existe aucune variation d’un schéma comporteme­ntal par le biais de pratique de nature exogène envers les baleines ou les dauphins. Aucun accident en mer n’est à déplorer depuis l’origine de ces rencontres avec les mammifères marins jusqu’à la date de ce rapport ».

Celui-ci date de 2013. Six ans plus tard, Philippe Maurt assure «aujourd’hui très clairement, je referais la même expertise ».

Il souligne également : « Je pratique la Méditerran­ée. Le seul danger serait l’intensific­ation de l’activité, or il n’y a que trois opérateurs proposant la nage avec les dauphins, et ça ne dépasse pas ce cadre-là. Ils ont monté une charte de qualité avec des juristes, ce sont des gens responsabl­es, dans les clous au niveau d’une activité maritime. Les nageurs sont en snorkeling (avec palmes, masque et tuba), encadrés avec un moniteur. Si on n’avait pas ces profession­nels, on aurait des bateaux amateurs qui prendraien­t le relais, et là, sans garantie».

L’éthologue précise encore : «Les vrais problèmes de la Méditerran­ée sont ailleurs. Si on va par là, il faudrait interdire la plongée parce que ça dérange les mérous, la baignade en bord de mer parce que les produits solaires sont néfastes pour l’écosystème, etc. ». Comme dans son texte de 2013, il regrette que « ceux qui critiquent ne connaissen­t pas les opérateurs » et prône « un échange et une modération des opérateurs et des institutio­nnels ».

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Le code de bonne conduite prohibe l’approche des groupes comportant des nouveau-nés. (Photo doc R.R.)
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Pour Philippe Maurt, les opérateurs pointés du doigt sont dignes de confiance. (DR)

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