Monaco-Matin

« C’est comme une drogue »

Egan Bernal va remporter le Tour de France. Hier soir, à seulement 22 ans, le grimpeur d’Ineos n’a pas caché son ambition pour les prochaines éditions

- A VAL THORENS, ROMAIN LARONCHE

Il est arrivé dans la salle de presse de Val Thorens, hier soir, sous les applaudiss­ements de ses compatriot­es colombiens journalist­es. Egan Bernal va entrer ce soir dans l’histoire de son pays. De Herrera à Parra, en passant par Uran ou Quintana, ils ont été plusieurs Colombiens à passer tout proche du sacre. Lui l’a fait à seulement 22 ans. Dans un discours mesuré, mais ambitieux, le leader d’Ineos est revenu sur son aventure.

Vous voilà vainqueur du Tour. Votre sentiment ?

Pour être sincère, je n’y crois pas encore.

J’ai simplement besoin d’arriver à l’hôtel, de prendre une douche, pour réaliser ce qui m’arrive.

On a vu que le moment de partage avec vos proches était très intense...

Oui, car ils ont toujours été à mes côtés. C’était spécial de gagner ici devant eux. Pour préparer une épreuve comme le Tour, cela demande plein de sacrifices pour être en forme. Pour moi, mais aussi pour mon entourage. Pour ma compagne (Xiomara Guerrero). Pour mon père (German) aussi.

Il est avec moi tous les jours à l’entraîneme­nt en Colombie sur sa moto.

Il est le seul qui sait combien de kilomètres je fais, les efforts que j’ai fournis. Votre chute avant le Giro qui fait que vous êtes venu sur le Tour, c’était votre destin ?

Je ne sais pas. Depuis la fin d’année dernière, on avait tout planifié pour préparer le Giro. Avant ma chute (fracture de la clavicule), j’étais en très bonne forme. Ça avait remis beaucoup de choses en question. Et maintenant, je suis sur le point de gagner le Tour de France. Si j’avais disputé le Giro, ça aurait été dur d’être dans cette position actuelleme­nt. Mais, deux heures après ma chute, alors que je souffrais, je pensais déjà au Tour.

Vous allez devenir un mythe en Colombie ?

Tout arrive tellement vite que je ne m’en rends même pas compte. Sur le Tour, c’est le même rituel. Je me lève, me pèse, je déjeune, on monte dans le bus, je dispute l’étape, je me fais masser, on mange et on dort. Des fois, je n’ai même pas le temps de parler avec ma propre famille. Donc je ne sais pas trop ce qui se passe au pays, mais j’imagine que les gens doivent être heureux.

Quel sentiment cela vous fait d’être le premier Colombien à vous imposer ?

La Colombie a toujours eu de bons grimpeurs, mais on n’avait jamais gagné le Tour. Je suis très fier d’être le premier Colombien. Après la Vuelta et le Giro, nous méritions ce Tour. Nous avons de très bons cyclistes, Nairo (Quintana, e en  et ), Rigo (Uran, e en ) étaient proches mais il se passait toujours quelque chose. Maintenant, nous l’avons. J’attends de ramener ce maillot au pays. Et avec les performanc­es de Rigo, Nairo, Esteban (Chaves) et moi, je suis sûr que de nombreux jeunes dans le futur seront sur le Tour. La Colombie sera encore plus forte dans les prochaines années.

Vous vivez en altitude. Pensez-vous que c’est une

coïncidenc­e de vous imposer dans les plus hautes montagnes ?

C’est un avantage, car j’habite à m.

Je me sentais bien mieux dans ces ascensions-là. A l’entraîneme­nt je monte à Pacho, à  mètres. C’est une montée que je fais avant chaque course en Europe.

Vous cassez l’image du Colombien uniquement grimpeur. Avec qui vous

comparez-vous ? Personne et je n’aime pas les comparaiso­ns. Ce qui est sûr, c’est que sur le Tour, le niveau est très élevé.

Si tu es seulement un bon grimpeur, mais pas ailleurs, dans les chronos, sur le plat, tu n’as aucune chance de gagner le Tour.

J’ai beaucoup travaillé pour m’améliorer. Mais cette année, j’ai connu une mauvaise journée dans le chrono et j’aurais pu perdre le Tour là dessus. Vous venez de remporter la plus grande course. Comment imaginez-vous votre futur ?

Là, je veux seulement passer la ligne d’arrivée à Paris. Je commencera­i à penser à la suite après. Mais c’est vrai que c’est comme une drogue. Tu gagnes le Tour, tu en veux toujours un peu plus et tu veux le regagner. Un deuxième, un troisième…

‘‘

La Colombie sera encore plus forte dans les prochaines années ”

 ?? (Ph Epa) ?? Passation de pouvoir entre Bernal et Thomas sous le regard de Xiomara, la compagne du maillot jaune. Ineos tient ses deux As.
(Ph Epa) Passation de pouvoir entre Bernal et Thomas sous le regard de Xiomara, la compagne du maillot jaune. Ineos tient ses deux As.

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