Monaco-Matin

Patrick Bruel : « Il faut se parler, se dire les choses »

- Comment se passe votre tournée ?   personnes l’ont suivie depuis février… Le style musical est aussi différent… Dans ce dernier album, vous parlez des amours perdues, à travers aussi la perte d’un ami, mais il y a aussi l'idée de rattraper le temps

Comment se réinventer en restant soi-même ? Patrick Bruel nous en a fait la démonstrat­ion lors de son concert au festival du château à Solliès-Pont, jeudi dernier, guitare en bandoulièr­e, devant un écran dernier cri. Son album Ce soir on sort... se veut celui de la « réconcilia­tion », sans jouer la résignatio­n. Le public a aussi changé un peu, les bruelmania­ques au féminin se déplaçant maintenant avec leur mari et leurs enfants. Mais la magie est toujours là. Le chanteur a réussi à créer de vrais moments de fraternité en live, en faisant danser les gens ensemble.

écrire cet album-là, cela a été plus compliqué. On sortait aussi de ce parcours où tous les soirs, on chantait des chefs-d'oeuvre… c'est un peu difficile après derrière. Il y a donc eu un degré d'exigence supplément­aire, un souci par rapport aux sujets, aux mots, aux virgules, aux silences… J'ai beaucoup travaillé ensuite sur les sonorités. Je voulais une sonorité assez moderne. Habiter Los Angeles la moitié du temps, ça vous influence sur les choix de l'environnem­ent musical, forcément. Mais il ne fallait pas que ce soit du total look. Il y a des chansons comme Louise ,surle harcèlemen­t, corroborée­s par une musique très forte, un peu à la Imagine Dragons [groupe de rock alternatif américain, ndlr], comme pour Stand Up, qui est festive et amène les gens très haut dans le ciel tous les soirs. deux s'en va et on a des regrets, il faut se parler, se dire les choses. Il ne faut pas perdre de temps, idée fondamenta­le. Et puis, vous évoquez Mon repère [dédiée à son ami disparu, le juriste Guy Carcassonn­e, ndlr], j'ai perdu mon repère, j'ai perdu mon socle… Je ne la chante pas dans le spectacle, je n'arrive pas à la placer dans la liste. C'est vrai que c'est un gros chagrin. En effet, c'est un amour perdu, comme Tout recommence­r, Rue Mouffetard aussi… Heureuseme­nt qu'il y a une petite pointe d'espoir ! (en riant) Sinon, on ne serait pas bien. Peu importe ce que j'y ai mis. Ce qui compte, c'est ce que vous, vous y mettez.

L'important pour moi est l'universali­té de ma chanson. Cela m'est arrivé d'écouter des chansons d'artistes que j'aime et de me dire : “c'est pas vrai, il connaît ma vie, c'est trop précis !” Mais non, cela ne s'adresse pas à quelqu'un de précis. Chanter, c'est lancer des balles, comme dit Alain Souchon. Après Ce soir on sort..., le public entonne La Marseillai­se. Comment cela s'est fait ?

J'ai écrit Ce soir on sort... quatre jours après les attentats du  novembre. C'est une chanson de réconcilia­tion, dans un album de réconcilia­tion et un spectacle de réconcilia­tion.

L'année dernière, j'ai fait quelques concerts isolés. Un soir, j'ai dit à Benjamin [Constant, aux claviers, ndlr] : “Ne t'arrête pas de jouer à la fin, je vais commencer quelque chose, et quand tu vas reconnaîtr­e, tu vas m’accompagne­r, tu verras bien”. J'ai commencé à murmurer, les gens ont commencé à reconnaîtr­e et à murmurer. Maintenant, ils ont entendu le disque et ils reprennent l’air tout de suite. J'ai eu envie de ponctuer cette chanson par notre hymne national, par une incarnatio­n des valeurs de la République, par le fait que cet hymne n'appartient plus uniquement à un parti d'extrême droite, mais à tous les Français. Les gens ont besoin de dire quelque chose ensemble, de se réunir. Après, on a envie que ça dure, pendant  heures,  jours,  semaines,  ans,  ans… Alors même si ça ne dure que  minutes, au moins pendant  minutes, ils auront eu ce sentiment de réconcilia­tion. Rosé ou whisky ? Whisky. Amour, puisque dans l'amitié, il y a de l'amour. Et dans l'amour, il y a de l'amitié, donc les deux ! C'est extrêmemen­t compatible, on ne peut pas choisir. Bandana, pour plein de raisons. Tout de suite concert, je ne pense qu'à ça [c’était juste avant de monter sur scène, ndlr]. Pour sortir, je suis aussi plutôt concert. Je fais plus de cinéma que de théâtre, mais les deux ! Une reconnaiss­ance est toujours bonne à prendre. Un Oscar, tiens, voilà ! Et un Oscar [c'est le prénom d'un de ses deux fils, ndlr], je l'ai déjà, c'est ça qui est bien, il a  ans.

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(Photo Franck Muller) Patrick Bruel, jeudi soir au festival du Château à Solliès-Pont.

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