Monaco-Matin

Accueil de jeunes migrants, Sainte-Agnès contre-attaque

Alors que l’ancien centre de vacances L’Orméa devait se transforme­r en lieu d’accueil pour exilés, le maire a déposé vendredi un arrêté interrupti­f de travaux. Stoppant – pour un temps – le projet

- A.R.

Froissés par le manque de concertati­on, et très majoritair­ement opposés au projet de création d’un lieu d’accueil pour mineurs migrants au sein de l’ancien centre de vacances L’Orméa (1), les habitants et élus de SainteAgnè­s ne se sont jamais avoués vaincus. Même après que le référélibe­rté déposé par la petite commune a été rejeté par le tribunal administra­tif, au début du mois. Afin de se faire entendre, le conseil municipal a ainsi puisé dans l’arsenal juridique pour user d’un autre outil : l’arrêté interrupti­f de travaux (lire ci-contre). Pris vendredi, aussitôt remis aux entreprise­s missionnée­s pour la rénovation des lieux, et affiché en évidence sur le portail de l’établissem­ent, il a déjà eu une conséquenc­e : plus aucun ouvrier n’était présent sur site hier. Les plombiers, peintres et installate­urs d’alarme ayant été sommés de ranger leur matériel et de s’en aller. Non sans mécontente­ment.

« La loi s’impose à tous »

Le maire de Sainte-Agnès, Albert Filippi, a choisi la fête de la Lavande pour annoncer la nouvelle. Dimanche, il a ainsi eu quelques mots pour la population, compacte, en vue de lui expliquer les raisons d’une telle décision, motivée par des « infraction­s au code de la constructi­on ». « Il faut savoir qu’un établissem­ent recevant du public et fermé depuis plus de dix mois a des obligation­s légales et doit faire des demandes de travaux. Ce qui n’a pas été fait », a-t-il notamment souligné. Ajoutant que depuis mars 2019, la législatio­n oblige par ailleurs à faire des travaux pour l’accueil des personnes handicapée­s – point qui, dit-il, n’a pas plus été prévu dans le déroulé du chantier porté par le conseil départemen­tal. « Nous ne sommes pas dans un cadre où l’on peut recevoir des jeunes migrants dans de bonnes conditions », a-t-il assuré, rappelant ne pas être contre l’accueil des migrants par principe, mais bien pour des raisons pratiques. Avant de conclure : « Je suis persuadé, en tant qu’élu, que la loi s’impose à tous. Que toutes les administra­tions doivent suivre ces obligation­s. »

Et c’est précisémen­t « en lisant la loi » qu’Albert Filippi et son équipe municipale se sont rendu compte des failles. Allant jusqu’à en alerter le Départemen­t, via des lettres en date du 9 et du 18 juillet – laissées sans réponse. « Cela faisait partie des mises en demeure qu’il avait décidé d’ignorer… »

Comme la réglementa­tion le veut, l’arrêté pris par le maire a été envoyé au maire de Roquebrune et au président du Départemen­t (2), avec copie au procureur, au préfet, à la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer et à la brigade de gendarmeri­e de Menton. La procédure devra désormais suivre son cours. Mais pour Albert Filippi, une chose reste sûre : « C’est

un sujet plus important que l’attention qui lui a été portée. »

En mars, le maire de Sainte-Agnès a appris que la (1) préfecture avait l’intention de réquisitio­nner le site pour y installer 56 mineurs étrangers isolés. Sans que la commune n’ait son mot à dire. Une convention de mise à dispositio­n a été signée entre la ville de Roquebrune­Cap-Martin (propriétai­re) et le Départemen­t – en charge de l’accueil des mineurs étrangers isolés.

Contacté, le Départemen­t n’avait pas encore répondu (2) à nos sollicitat­ions hier soir.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Depuis que l’arrêté a été pris, plus aucune entreprise n’est présente sur site.
(Photo Sébastien Botella) Depuis que l’arrêté a été pris, plus aucune entreprise n’est présente sur site.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco