Pourquoi le tunnel de Tende a (encore) été fermé hier matin
8h – 9 h 50 : tels sont les horaires, d’après le Département des AlpesMaritimes, durant lesquels la RD 6 204 a été coupée à la circulation, hier matin, à la hauteur du tunnel de Tende. En plein rush estival, les automobilistes ont dû ronger leur frein. Notamment les Italiens, friands de ce point de passage stratégique entre Ligurie et Piémont.
Il n’est certes pas rare de voir le tunnel de Tende temporairement fermé, pour des raisons techniques ou climatiques. Cette fois-ci, le problème tenait aux effectifs disponibles... et aux conditions de circulation. Depuis les années 2000 et l’après-drame du MontBlanc, le tunnel de Tende peut compter au quotidien sur une antenne de secours de quatre sapeurs-pompiers, condition sine qua non pour ouvrir. Or, hier, ils n’étaient que deux au moment de la prise de service.
« Nous puisons le personnel sur l’ensemble de la compagnie du pays mentonnais », explique le commandant Daniel Allavena. « [Hier] matin, deux pompiers venaient de la Roya, deux autres venaient de Menton. Ceux-ci ont été retardés
par un feu rouge de vingt minutes, dû aux travaux dans un tunnel italien, et par les contrôles systématiques de véhicules entrant en territoire français, à Fanghetto, en cette période de fort trafic. »
« Mauvais concours de circonstances »
Comble de malchance, côté italien, les effectifs de secours n’étaient pas disponibles non plus. Conséquence : les autorités ont ordonné la fermeture temporaire du tunnel. Principe de précaution oblige. « C’est un mauvais concours de circonstances, un cas exceptionnel », relativise Daniel Allavena. La faute à pas de chance ? L’explication fait bondir le Niçois André Goretti. Pour le président national de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers, c’est plutôt la grève menée cet été qui produit là ses effets.
« C’est un manque d’effectif qui a conduit à prendre des pompiers sur la garde de Menton. Les sapeurs-pompiers professionnels ne font plus rien en dehors de leur temps de travail, et les volontaires sont très sollicités en période estivale. Du coup, ils ne trouvaient pas de sapeurs-pompiers pour aller à Tende. » Le commandant Allavena récuse l’argument. Selon lui, si deux pompiers ont été désignés à leur arrivée, c’est leur trajet qui a tout chamboulé.
En attendant le second tunnel...
Bien que mineure, cette péripétie illustre les difficultés de ce tunnel, déjà contraint à la circulation alternée afin d’éviter les télescopages.
« C’est un ouvrage qui a son âge », décrypte le commandant Allavena. « Il demande une attention particulière, beaucoup de maintenance. On ne peut pas le faire sans fermer. » Voilà précisément pourquoi l’ouvrage est fermé la nuit, de ce soir à vendredi, de 22 h à 6 h du matin. C’est l’Anas, l’Agence nationale des routes italiennes, qui a la main sur le tunnel de Tende. Le tube historique attend toujours le tunnel-bis, dont le chantier est à l’arrêt depuis mai 2017, à la suite d’un scandale retentissant. Son ouverture n’est pas prévue avant 2023. Les pompiers français comptent sur lui pour pouvoir, enfin, soulager leurs effectifs : «Ilest certain qu’avec le nouveau tunnel, on sera dans une situation plus confortable... »