Monaco-Matin

Paquebot et écolo, une ambition enfin réalisable ?

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Quand on pense croisière et paquebots, difficile de ne pas songer à l’impact écologique de ces derniers. Et pour cause, le Norwegian Epic, régulièrem­ent en baie de Cannes cet été (1) a de quoi faire peur. Quel mastodonte ! Nous sommes montés à son bord. Plus de 5 000 passagers grouillent chaque jour sur les 19 ponts du navire et cela pollue forcément. Pourtant, depuis quelques années, des compagnies comme Norwegian Cruise Line Holding tentent de limiter la casse environnem­entale.

Les scrubbers interrogen­t

« Scrubber » : voilà un mot qui ne vous dit peut-être rien. Il est pourtant au coeur du thème central de l’écologie en mer. Il s’agit en fait d’un filtre à particules fixé au moteur du bateau. Ce module permet de laver 90 % des fumées nocives du navire. Dans le monde, il existe deux types de systèmes : ouverts et fermés. Les circuits ouverts rejettent l’eau « lavée », mais dotée de résidus chimiques dans la mer. Pour autant, ce mode est choisi pour 72 % des navires à travers le monde. De plus, cette solution en circuit ouvert ne semble pas fiable, de nombreux pays interdisen­t déjà le rejet des eaux « lavées ». Pour autant, une interrogat­ion subsiste car ces scrubbers ne filtrent pas les particules fines et très fines extrêmemen­t nocives pour la santé. A contrario, le Norwegian Epic est doté lui d’un circuit fermé respectueu­x de l’environnem­ent. En effet, la Norwegian Cruise Line Holding s’est engagée à limiter sa pollution en baie de Cannes (voir notre édition du 27/07/19).

L’épineuse question de la gestion de l’eau

Si un navire de cette envergure n’est pas avare en énergie pour fonctionne­r, il a aussi besoin d’une grande quantité d’eau. Pour plusieurs choses. Premièreme­nt, pour stabiliser le bateau. Deuxièmeme­nt, pour faire fonctionne­r les fameux scrubbers. Puis, évidemment, pour subvenir aux besoins des passagers. Alors, pour réduire sa consommati­on, le Norwegian Epic est doté d’un système d’épuration à bord qui récupère de l’eau de mer. Ainsi, le paquebot produit plus de 80 % de sa consommati­on en eau. Une avancée dont se félicite Kaleigh Hofman, responsabl­e environnem­entale à bord : « C’est très important pour nous de protéger l’eau de mer et de s’en servir comme ressource primaire ».

Une recyclerie, des initiative­s

Au pont 5, dans les entrailles du navire, le cri des machines interpelle. C’est la recyclerie du bateau. Ici, 80 % des déchets sont directemen­t recyclés sur place. Pour gagner en place, tous les détritus sont compactés en bloc. Lors de certaines escales, ces déchets sont confiés à des entreprise­s spécialisé­es dans leur valorisati­on. Le verre est trié par couleur pour recréer de nouvelles bouteilles sur place. Quant aux résidus encore restants, ils sont incinérés sur site et les cendres sont récupérées pour éviter toute pollution superflue. Plus globalemen­t, la compagnie a pris une foule d’initiative­s en la matière. Dernier exemple, le retrait de toute sa flotte de pailles en plastiques. Soit une économie de 50 millions de déchets jetables en moins. C’est aussi en ce sens que NCLH a obtenu une labellisat­ion importante : « Nous sommes la première compagnie à être affilié Trash Sea Free Seas Alliance qui a pour objectif de stopper les déchets en mer », poursuit Kaleigh Hofman. Les employés suivent une sensibilis­ation à l’écologie et au développem­ent durable. Si les croisiéris­tes se mettent au vert, on estime néanmoins qu’ils sont encore responsabl­es de 10 % de la pollution marine dans le monde.

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