Feux de forêt : quelle tactique pour les pompiers ?
On vous explique comment, depuis les années quatre-vingt, la méthode a drastiquement changé pour éviter de faire face à de grands incendies. Exemple avec le feu de La Trinité ce week-end
Un hectare. Un tout petit hectare de broussailles en feu. Samedi dernier, 55 hommes ont pourtant convergé dans les minutes qui ont suivi le signalement de l’incendie. Direction la colline de l’observatoire de La Trinité. Dans le même temps, deux hélicoptères bombardiers d’eau décollaient de Sophia Antipolis pour venir noyer le feu.
Cette tactique également utilisée jeudi dernier à Mouans-Sartoux – les pompiers parlent de doctrine – est la règle depuis les années 1985-1986. « Nous nous sommes aperçus qu’il fallait intervenir rapidement et massivement pour éviter que le feu ne se propage et devoir lutter des jours, voire des semaines », explique le lieutenant-colonel Degioanni, chef du groupement opérations au Service départemental d’incendie et de secours (Sdis). Cette méthode permet de sauver les biens et les personnes avec plus d’efficacité.
hommes en permanence
Avec la canicule qui vient de frapper le département, les pompiers sont en alerte maximum. Les pluies orageuses, si elles ont humidifié en surface, n’ont pas suffi à faire retomber le risque totalement. En permanence, 260 hommes – hors encadrement - sont mobilisés dans les Alpes-Maritimes. La Côte d’Azur est une terre sensible, couverte de résineux, de massifs hautement inflammables. Des poudrières à ciel ouvert. Le département a été divisé en sept zones par les pompiers. À chacune – comme le Tanneron, le centre des Alpes-Maritimes de la Siagne jusqu’au Var, le haut pays – correspond un degré de risques. Il évolue en permanence. « Actuellement, le niveau est très élevé dans l’ouest du département », confie le lieutenant-colonel Degioanni.
Pour prévenir les grands incendies de massifs forestiers, dix-huit groupes d’intervention, de dix-huit hommes chacun, sont prédisposés quotidiennement sur tout le département. « Le but est de réduire le plus possible le délai d’approche. Ils sont à poste de midi à vingt heures, parfois sur de plus grandes amplitudes si le niveau de risques est élevé. »
Un groupe de pionniers est également stationné à Cagnes-sur-Mer. Quatorze hommes susceptibles d’intervenir en appui feu de forêt dans des conditions très difficiles.
Un réseau de guetteurs
Pour compléter ce dispositif préventif, les pompiers s’appuient sur des vigies, capables de donner l’alerte au moindre panache suspect. Chaque jour, le réseau forestier de surveillance et d’alerte compte entre neuf et douze vigies activées. Les agents forestiers de Force 06 et ceux de l’Office national des eaux et forêts (ONF) font partie de ce maillage. Enfin, les pompiers peuvent compter sur leurs anges gardiens du ciel.
Trois hélicoptères bombardier d’eau (2 Bell et un Écureuil) basés en permanence à Sophia Antipolis, comme celui qui est intervenu samedi à La Trinité, ainsi que deux Tracker basés l’été à Cannes. « C’est une forme d’assurance de les avoir si près », confie le lieutenantcolonel Degioanni. En cas de coup dur et de feux de forêt massifs, les sapeurspompiers du département savent pouvoir compter également sur les moyens d’état basés à Nîmes : douze Canadair et deux Dash capables, pour le plus récent, de déverser 10 000 litres d’eau et de rallier la Corse en 40 minutes.
En cas de situation à risques, les Tracker de Cannes peuvent être amenés à assurer un guet aérien « armé ». Ils survolent notre région, chargés d’eau, prêts à intervenir en n’importe quel point en quelques minutes. Le prix à payer pour préserver le patrimoine naturel inestimable de nos massifs, et protéger la population des ravages du feu.