Alpes de la Méditerranée à l’Unesco : le « pschit » !
La candidature au patrimoine mondial de l’Humanité n’a finalement pas été déposée pour 2019. En cause : le rapport sévère qui fait suite à la visite des experts, en fin d’année dernière
Difficile de ne pas parler de camouflet. Après avoir travaillé pendant deux ans sur la question et avoir largement communiqué sur le sujet, les Alpes de la Méditerranée n’ont finalement pas concouru à l’inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco cette année. Le dossier constitué d’un secteur élargi autour du parc national du Mercantour et du parc italien Alpi Marittime, n’a même pas été présenté au comité du patrimoine mondial, réuni à Bakou en Azerbaïdjan. Sur la dernière ligne droite, «les trois États impliqués dans la candidature (Italie, France, Monaco) ont décidé de ne pas prendre le risque d’un rejet, qui aurait été sans appel, préférant retirer le dossier, qui n’a donc pas été soumis à une évaluation définitive », communiquait
vendredi le compte officiel de la candidature sur les réseaux sociaux.
Trois critiques
Pourquoi ce revirement de dernière minute ? À cause du rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a fait suite à la visite, en septembre, de deux experts. « Ce rapport n’est pas assez positif pour que les membres de l’Unesco actent que notre dossier puisse être retenu », éclaire Laurent Scheyer, directeur adjoint du parc national du Mercantour. Il a donc été décidé de « prendre le temps de retravailler le dossier » et de remettre la candidature à l’an prochain. Concrètement, le rapport formule trois critiques, détaille-t-il. En premier lieu sur le niveau de protection, « pas suffisamment fort. C’est un très grand territoire (environ 200 000 hectares) .Ilya des espaces très bien protégés, et d’autres, moins, comme les sites Natura 2000.Onlesavaitetona déjà beaucoup travaillé à une hausse du niveau de protection avec les communes. Mais les arrêtés préfectoraux doivent entrer en vigueur. »
Deuxième élément : « L’incapacité de tous les acteurs à gérer le bien ensemble ». Trois États, un département, des communautés de commune, des eaux internationales… L’UICN, y a vu une usine à gaz. « Nous allons structurer cette gouvernance avec la création d’un groupement européen de coopération territoriale », annonce Laurent Scheyer. Enfin, le rapport s’attaque à l’essence même de la candidature, qui repose sur le patrimoine géologique des Alpes de la Méditerranée, censé être unique et universel. « Il faut que nos scientifiques arrivent à convaincre l’UICN, en reformulant un certain nombre de points. Je n’ai aucun doute là-dessus. »
« On est mal tombés»
Le directeur adjoint du parc national refuse de parler d’inquiétude, et minimise : « Il nous a manqué un espace de dialogue avec l’UICN, qui a vécu des changements. On est mal tombés. Et beaucoup de candidats s’y sont repris deux ou trois fois, il n’y a rien d’anormal et le contraire aurait été étonnant. Il ne faut pas le vivre comme un échec, mais comme une étape. » Seule certitude : ce ne sera pas pour cette année, pour les 40 ans du parc du Mercantour.