Monaco-Matin

Le carabinier tué à Rome «n’apaspuréag­ir»

La victime « avait oublié son arme », les carabinier­i ont été « immédiatem­ent agressés » : voici cinq points à retenir de la conférence de presse donnée, hier, par le procureur et les enquêteurs

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Au-delà de l’émotion et des polémiques, les carabinier­i et le procureur adjoint ont tenu une conférence de presse, hier à Rome, quatre jours après le meurtre retentissa­nt d’un carabinier de 35 ans, dans la ville éternelle, par deux jeunes touristes américains. Alors qu’il rentrait de voyage de noces, Mario Cerciello Rega a été poignardé à mort en interventi­on. Elder Finnegan Lee et Gabriel Christian Natale, deux touristes de 19 ans originaire­s de San Francisco, sont accusés du meurtre. Dans la nuit du 25 au 26 juillet, le sergent se rendait avec un collègue au rendez-vous que les Américains avaient fixé au dealer, non loin du Vatican. Mécontents de s’être faits rouler lors d’un achat de cocaïne, ces touristes lui auraient volé son sac pour en exiger 100 €. Ce pari risqué aurait conduit au drame, et à leur incarcérat­ion pour meurtre aggravé et extorsion de fonds.

Voici cinq points à retenir du point presse retranscri­t par l’Ansa, l’agence nationale de presse italienne.

« Ils ont été agressés immédiatem­ent »

Mario Cerciello Rega et Andrea Varriale, les deux carabinier­i venus se présenter en lieu et place du dealer, « ont été immédiatem­ent agressés », assure Francesco Gargaro, le commandant des carabinier­i de Rome. D’après lui, ses hommes « n’ont pas eu la possibilit­é d’utiliser leurs armes ni de réagir ». D’emblée, Andrea Varriale a été « dominé et jeté à terre » .Ila fallu quelques minutes pour que l’alerte parvienne aux quatre patrouille­s, qui se trouvaient à distance respectabl­e, à l’abri des regards.

« C’était sans doute un oubli, mais... »

Mario Cerciello Rega, le carabinier poignardé à mort, n’aurait pas pu saisir son pistolet. Et pour cause. « Cerciello avait oublié son arme. C’était sans doute un oubli. Il n’empêche qu’il n’avait aucune possibilit­é de réagir », estime le patron des carabinier­i romains. Et d’expliquer : « Ils n’imaginaien­t pas de se trouver face à une personne avec un couteau de 18 cm de long ni d’être agressés alors qu’ils se présentaie­nt en tant que carabinier­i », insiste Francesco Gargaro. Selon lui, « de telles missions sont quotidienn­es, ou presque, à Rome ».

« Il avait peur de dire qu’il les connaissai­t »

Les premières heures de l’affaire avaient suscité un flot de réactions xénophobes en Italie. Le signalemen­t évoquait, à tort, deux agresseurs de type maghrébin. « Cette indication a été donnée par Brugiatell­i », à savoir le dealer lésé, précise le commandant Gargaro. Selon le procureur Michele Prestipino, le dealer aurait évoqué « deux personnes de teint mat, soi-disant maghrébine. Il l’a fait parce qu’il avait peur de dire qu’il connaissai­t les auteurs du meurtre. Il ne voulait pas être associé aux faits. » Seul le visionnage des images a permis de découvrir la vérité.

« Interrogés dans le respect de la loi »

Les images de l’un des suspects, tête basse, yeux bandés et mains menottées derrière le dos lors de son interrogat­oire, ont alimenté une vive polémique en Italie. Le procureur adjoint de Rome y a répondu. « Les suspects ont été identifiés et interrogés par les magistrats dans le respect de la loi. Les interrogat­oires ont été effectués avec toutes les garanties de défense, en présence des avocats, de l’interprète, avec une lecture préalable des droits. Et ils ont été enregistré­s. »

« Cette interventi­on était régulière »

Alors que l’affaire défraie la chronique de l’autre côté des Alpes, Francesco Gargaro a exprimé sa « déception et [s]on mécontente­ment face aux ombres et mystères présumés soulevés et diffusés dans cette affaire. » Pour le patron des carabinier­i romains, «lareconsti­tution prudente et respectueu­se a démontré la régularité de cette interventi­on, récurrente dans la ville de Rome. » L’affaire, elle, sort assurément de l’ordinaire.

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(Photo Angelo Carconi) Les responsabl­es des carabinier­i exhibant la photo de l’arme du crime hier, lors d’une conférence de presse aux côtés du procureur adjoint.

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