Le carabinier tué à Rome «n’apaspuréagir»
La victime « avait oublié son arme », les carabinieri ont été « immédiatement agressés » : voici cinq points à retenir de la conférence de presse donnée, hier, par le procureur et les enquêteurs
Au-delà de l’émotion et des polémiques, les carabinieri et le procureur adjoint ont tenu une conférence de presse, hier à Rome, quatre jours après le meurtre retentissant d’un carabinier de 35 ans, dans la ville éternelle, par deux jeunes touristes américains. Alors qu’il rentrait de voyage de noces, Mario Cerciello Rega a été poignardé à mort en intervention. Elder Finnegan Lee et Gabriel Christian Natale, deux touristes de 19 ans originaires de San Francisco, sont accusés du meurtre. Dans la nuit du 25 au 26 juillet, le sergent se rendait avec un collègue au rendez-vous que les Américains avaient fixé au dealer, non loin du Vatican. Mécontents de s’être faits rouler lors d’un achat de cocaïne, ces touristes lui auraient volé son sac pour en exiger 100 €. Ce pari risqué aurait conduit au drame, et à leur incarcération pour meurtre aggravé et extorsion de fonds.
Voici cinq points à retenir du point presse retranscrit par l’Ansa, l’agence nationale de presse italienne.
« Ils ont été agressés immédiatement »
Mario Cerciello Rega et Andrea Varriale, les deux carabinieri venus se présenter en lieu et place du dealer, « ont été immédiatement agressés », assure Francesco Gargaro, le commandant des carabinieri de Rome. D’après lui, ses hommes « n’ont pas eu la possibilité d’utiliser leurs armes ni de réagir ». D’emblée, Andrea Varriale a été « dominé et jeté à terre » .Ila fallu quelques minutes pour que l’alerte parvienne aux quatre patrouilles, qui se trouvaient à distance respectable, à l’abri des regards.
« C’était sans doute un oubli, mais... »
Mario Cerciello Rega, le carabinier poignardé à mort, n’aurait pas pu saisir son pistolet. Et pour cause. « Cerciello avait oublié son arme. C’était sans doute un oubli. Il n’empêche qu’il n’avait aucune possibilité de réagir », estime le patron des carabinieri romains. Et d’expliquer : « Ils n’imaginaient pas de se trouver face à une personne avec un couteau de 18 cm de long ni d’être agressés alors qu’ils se présentaient en tant que carabinieri », insiste Francesco Gargaro. Selon lui, « de telles missions sont quotidiennes, ou presque, à Rome ».
« Il avait peur de dire qu’il les connaissait »
Les premières heures de l’affaire avaient suscité un flot de réactions xénophobes en Italie. Le signalement évoquait, à tort, deux agresseurs de type maghrébin. « Cette indication a été donnée par Brugiatelli », à savoir le dealer lésé, précise le commandant Gargaro. Selon le procureur Michele Prestipino, le dealer aurait évoqué « deux personnes de teint mat, soi-disant maghrébine. Il l’a fait parce qu’il avait peur de dire qu’il connaissait les auteurs du meurtre. Il ne voulait pas être associé aux faits. » Seul le visionnage des images a permis de découvrir la vérité.
« Interrogés dans le respect de la loi »
Les images de l’un des suspects, tête basse, yeux bandés et mains menottées derrière le dos lors de son interrogatoire, ont alimenté une vive polémique en Italie. Le procureur adjoint de Rome y a répondu. « Les suspects ont été identifiés et interrogés par les magistrats dans le respect de la loi. Les interrogatoires ont été effectués avec toutes les garanties de défense, en présence des avocats, de l’interprète, avec une lecture préalable des droits. Et ils ont été enregistrés. »
« Cette intervention était régulière »
Alors que l’affaire défraie la chronique de l’autre côté des Alpes, Francesco Gargaro a exprimé sa « déception et [s]on mécontentement face aux ombres et mystères présumés soulevés et diffusés dans cette affaire. » Pour le patron des carabinieri romains, «lareconstitution prudente et respectueuse a démontré la régularité de cette intervention, récurrente dans la ville de Rome. » L’affaire, elle, sort assurément de l’ordinaire.