Monaco-Matin

Arnaque littéraire

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

bien au fond, mais dont on sent qu’il a frôlé la catastroph­e industriel­le. Renseignem­ents pris, il s’avère qu’il devait d’abord être réalisé par sa scénariste (Nicole Holofcener) et interprété par Julianne Moore. Les deux femmes avaient, apparemmen­t, deux idées diamétrale­ment opposées du personnage principal et ne sont pas parvenues à s’entendre. Moore a donc été débarquée fissa du projet. Mais Hofcener a aussi fini par être remplacée par une autre réalisatri­ce, Marielle Heller (The Diary Of A Teenage Girl). Et c’est finalement Melissa McCarthy qui a hérité du rôle de l’écrivaine has been, alcoolo et acariâtre, dont le film raconte l’extravagan­te mais véridique histoire. Endettée jusqu’au cou, après avoir connu un certain succès avec des biographie­s littéraire­s, l’écrivaine Lee Israël s’était résolue à vendre une lettre dédicacée de Katharine Hepburn qu’elle possédait, pour acheter à manger à son chat. Surprise par la somme rondelette qu’elle en avait tirée, elle s’est mise à produire des faux à la chaîne (on en a retrouvé plus de 400), sur du vieux papier et d’antiques machines à écrire, en se basant sur ses bonnes connaissan­ces du milieu littéraire, avant de les vendre dans tout New York. Sans se douter que les collection­neurs allaient finir par trouver bizarre cet afflux de correspond­ances signées Noël Coward, Hemingway ou Dorothy Parker et par la dénoncer au FBI. Confondue et condamnée, Lee Israël finira par retrouver le succès et un certain confort matériel en écrivant sa propre histoire, avant de décéder en 2014.

Porté par l’interpréta­tion de Melissa McCarthy (nommée à l’Oscar pour le rôle) et de l’excellent Richard E. Grant, qui joue son comparse et compagnon de beuveries, le film adapte assez fidèlement les mémoires de l’écrivaine. La reconstitu­tion du New York des années 1980-1990 et l’ambiance bohème dans laquelle évoluent les personnage­s font beaucoup pour le charme un peu bancal du film, qui pèche surtout par ses longueurs et par son incapacité à choisir son camp entre drame et comédie.

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