Monaco-Matin

Quatre et trois mois ferme pour deux voleurs de cartes bancaires

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Quatre copains étaient venus des Carpates afin de passer le week-end en Principaut­é à l’occasion du Grand Prix de F1 2019. Mais deux Roumains n’en sont pas repartis. Interpellé­s le lendemain puis incarcérés à la maison d’arrêt pour usage frauduleux d’instrument­s de paiement, ils ont comparu menottés, mercredi, devant le tribunal correction­nel. Reconnus coupables des faits reprochés, Adrian et Valentin ont été condamnés respective­ment à trois et quatre mois de prison ferme.

« Ils ont laissé leur carte sur la table »

Pour financer leur séjour en terre monégasque, ces malfaiteur­s s’étaient inspirés de la technique du « card trapping ». Deux consommate­urs, l’un au « Sass Café » et l’autre à « La Rascasse », avaient eu la négligence de laisser sur la table leur portefeuil­le avec la carte bancaire à l’intérieur pendant un court instant. Les voleurs s’en emparaient astucieuse­ment. Puis, ils effectuaie­nt des retraits sur les comptes des victimes aux proches distribute­urs automatiqu­es de billets (DAB). Soit deux sommes de 1 700 et 2 400 euros. Non sans avoir surveillé auparavant, chaque client composer son code confidenti­el pour valider le paiement. Ces fameux regards indiscrets mentionnés sur les documents bancaires... Quand les plaignants vont conter leur mésaventur­e à la Sûreté publique, les enquêteurs vont rapidement cibler les individus grâce à la vidéosurve­illance et aux éléments fournis. Les caméras des DAB leur offrent même un gros plan de leurs visages. Au cours d’un contrôle de véhicule, ils sont reconnus...

« Au début vous avez contesté les faits, note le président Florestan Bellinzona (*). Mais à la vue des images, vous avez été obligé de les reconnaîtr­e. Vous aviez dérobé deux autres cartes. Mais aucune trace n’a été retrouvée et trois tentatives de retrait n’ont pas fonctionné. Expliquez votre manière de retenir les quatre chiffres confidenti­els. »

Valentin, le plus âgé, condamné de nombreuses fois pour vols, émet « des regrets. Je n’étais pas venu à Monaco pour voler. Ces gens étaient saouls. Ils ont laissé les cartes sur la table. On en a profité. C’est Adrian qui a tout fait...»

« Même dans l’euphorie d’une soirée festive, déclare le magistrat, surpris par ce comporteme­nt, on n’épie pas les faits et gestes d’une personne en regardant pardessus son épaule. Il faut une mémoire visuelle excellente. Or, malgré des enseignes lumineuses bien plus grosses que les chiffres des terminaux de CB, vous ne vous souvenez plus des lieux fréquentés… Comment avez-vous dépensé cet argent volé ?

« On ne voulait pas faire cela »

« Nous n’avions pas les fonds suffisants pour financer notre séjour, explique Adrian, le plus jeune, condamné une fois pour vol en 2016 et qui exclut tout don de voyance. On ne voulait pas faire cela... » C’est un comble pour le premier substitut Olivier Zamphiroff.

« Les prévenus se présentent comme des victimes avec des vols sans conséquenc­es, malgré deux personnes délestées. Réservez à ces deux personnage­s un traitement différent. Le plus âgé est rompu, expériment­é, avec un passé judiciaire et une carrière de délinquant. Vous connaissez ma marotte : ne les prenez pas pour des primo-délinquant­s à Monaco. De douze à quinze mois ferme pour le premier. Entre trois et quatre mois ferme pour le second ».

Les défenses, assurées par Mes Clyde Billaud et Charles Lécuyer, vont rappeler à tour de rôle les personnali­tés de leurs clients.

« Ce sont des gens insérés. Ils travaillen­t comme chauffeurs. Ils sont incarcérés depuis le 28 mai, avec un casier vierge en Principaut­é. » Plus précisémen­t, le plus jeune aurait la volonté d’indemniser les victimes, d’après le premier avocat. Le plus âgé « n’a volé ni carte ni les codes affirme le second. Sa participat­ion justifie-t-elle de douze mois d’écart ? »

Décision du tribunal : quatre mois pour Valentin, trois mois pour Adrian. * Assesseurs : Adrien Candau et Édouard Levrault.

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Les malfaiteur­s retenaient les codes confidenti­els de leurs victimes avant de se servir copieuseme­nt au distribute­ur bancaire. (Archive N.-M.)

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