Monaco-Matin

« Les montagnes russes »

Moins d’une semaine après l’arrivée du Tour de France, l’Antibois Rudy Molard retrouve la compétitio­n. Il devra digérer la frustratio­n provoquée par l’abandon de Thibaut Pinot, son leader

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Il y a tout juste un an, Rudy Molard avait joué les premiers rôles sur la Clasica San Sebastian (11e). L’Antibois retrouve une course qu’il apprécie. Mais le puncheur de Groupama-FDJ aura-t-il récupéré physiqueme­nt, mais surtout psychologi­quement de cette troisième semaine du Tour de France, où il a vu son leader Thibaut Pinot quitter une épreuve qui lui semblait promise.

Que retenez-vous de ce Tour ?

On est passé par toutes les phases émotionnel­les. On a d’abord réalisé un super chrono par équipes, ensuite on a dû encaisser le coup de bordure, puis il y a eu la victoire de Thibaut au Tourmalet et enfin son abandon, au moment où on pensait à la victoire. Ce Tour, ça a été de véritables montagnes russes.

Qu’est-ce qui s’est passé au soir de l’étape de Valloire ?

Après l’étape, on avait environ  kilomètres à faire pour rejoindre notre hôtel et Thibaut avait énormément de mal à pédaler. Pareil ensuite pour monter les escaliers. Là, je n’ai pas pensé à son abandon, mais je me disais que ça serait compliqué qu’il retrouve son niveau des Pyrénées.

Le lendemain, pendant l’étape, au moment où il décroche, on a senti que toute l’équipe avait tout de suite compris que c’était l’abandon ?

Il avait fait des soins, se sentait un peu mieux le matin, mais on savait qu’à tout moment, ça pouvait arriver. De toute façon, c’était soit il avait retrouvé des jambes, soit il abandonnai­t. Ça ne servait à rien de s’accrocher pour finir dans le gruppetto.

Vous avez pu parler avec lui la veille de son abandon ?

Oui, j’étais en chambre avec lui. Il était inquiet, moi j’essayais de rester positif. Le problème, c’est que sa blessure est arrivée juste avant les étapes les plus dures du Tour.

Quand a-t-il senti que ça n’allait pas ?

Au pied du col d’Izoard (e col de la journée de jeudi), Thibaut est venu me voir pour me dire que ça n’allait pas, qu’il ne pouvait pas pédaler avec la jambe gauche. Il me l’a répété plusieurs fois. Pourtant, il a fini avec les meilleurs dans le Galibier. Mais ça s’est aggravé dans la descente vers Valloire.

Dans ces conditions, c’est incroyable qu’il soit revenu sur Thomas dans le Galibier...

Mentalemen­t, Thibaut est un coureur qui va très loin dans la souffrance. Il l’a prouvé ce jour-là.

Pensez-vous qu’il aurait pu suivre Bernal ?

Avec le niveau qu’il a montré dans les Pyrénées, je pense que oui. Il finit proche, alors qu’il avait une déchirure musculaire. Il était vraiment en grande forme.

Vous étiez déjà avec lui, lorsqu’il était e et a dû abandonner le Giro sur la dernière étape de montagne. Comment vous l’encaissez ?

‘‘

Ça laisse un goût d’inachevé énorme. ”

Ça fait deux abandons sur deux grands Tours, c’est dur pour tout le monde. Depuis l’hiver dernier, coureurs et staff, on a travaillé dur pour l’objectif Tour. Thibaut est arrivé au top de sa forme, alors on avait vu grand... C’est tellement frustrant, d’autant qu’il n’était pas malade, qu’il n’a pas chuté. Là, c’est une blessure rare pour un cycliste, qu’il n’avait jamais eue. Ça laisse un goût d’inachevé énorme.

Vous êtes prêt à repartir au combat pour et avec lui ?

Là, on est dans la frustratio­n, mais on a envie de rebondir. Donc, moi, je suis super motivé pour préparer le Tour  avec lui, de me relancer dans un projet pour Thibaut. D’autant qu’il partira de la maison, à Nice. Sur ce Tour, on a vu ce que Thibaut était capable de faire et, collective­ment, on a aussi rivalisé avec Ineos. C’est encore loin, mais on a envie d’aller chercher ce rêve.

 ??  ?? Rudy Molard, lors de l’étape de repos à Nîmes. A ce moment-là, les GroupamaFD­J jouaient encore la gagne sur le Tour. (Photo R.L.)
Rudy Molard, lors de l’étape de repos à Nîmes. A ce moment-là, les GroupamaFD­J jouaient encore la gagne sur le Tour. (Photo R.L.)

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