Mort de Steve : émotion et incidents à Nantes
Un hommage s’est déroulé dans le calme sur le bord de la Loire, là où le corps a été retrouvé. La manifestation dans le centre-ville a en revanche dégénéré
Une journée d’hommages à Steve Maia Caniço et de (1) manifestations contre les violences policières : après un rassemblement dans le calme hier matin en souvenir du jeune homme près de la Loire, des tensions ont éclaté dans l’après-midi dans le centre de Nantes.
Dans la matinée, des centaines de personnes se sont retrouvées près de la grue jaune, dans une émotion palpable, près du lieu où le corps du jeune homme de 24 ans a été retrouvé lundi. Près d’un portrait de Steve, des fleurs blanches ou roses ont été jetées dans le fleuve ; des manifestants portaient des brassards noirs. « Où est la justice pour Steve ? », pouvait-on lire.
Deux blessés
Dans l’après-midi, dans le centreville dont l’accès était limité par crainte de débordements, 1 700 manifestants de tous âges ont défilé vers la préfecture puis vers la cathédrale et le château, dans un face-àface tendu avec les forces de l’ordre. Gaz lacrymogène et canon à eau ont répliqué à des jets de projectiles et départs de feu. Plusieurs barricades ont été dressées et des vitrines brisées.
Quarante personnes ont été interpellées pour « faits de violences ou transport d’armes par destination », a indiqué la préfecture de Loire-Atlantique, évoquant 39 placements en garde à vue. Par ailleurs, deux personnes ont été blessées, un policier et un manifestant. Les deux sont restés conscients et ont été pris en charge. Selon un « street medic » (« secouriste de rue », un volontaire fournissant des soins médicaux lors de manifestations) interrogé par l’AFP, le manifestant est un homme de 54 ans qui avait « fait un infarctus le 14 juillet ».
Cibles de tous les slogans : la police et le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner : « Selon l’IGPN, le meurtre était conforme », « la police noie », s’étalaient sur les pancartes et les murs.
La famille s’était désolidarisée de toute violence, plaidant pour « un soutien amical, artistique et pacifique », selon son avocate, Me Cécile de Oliveira.
L’IGPN réfute avoir « dédouané la police »
De nombreuses mobilisations ont eu lieu partout en France dans le calme, notamment à Paris, Marseille, Nice, Montpellier, et Toulouse, souvent à l’appel de « gilets jaunes » et avec toujours pour cible les forces de police.
La polémique sur l’attitude des forces de l’ordre le soir de la Fête de la musique, durant laquelle le drame s’est déroulé, reste vive. Le rapport de l’IGPN, dévoilé mardi, a été accusé par certains d’être trop favorable aux policiers. Selon la « police des polices », « il ne peut être établi de lien entre l’intervention [...] entre 4 h 20 et 4 h 52 quai Wilson à Nantes et la disparition de M. Steve Maia Caniço après 4 heures dans le même secteur ». Hier, la directrice de l’IGPN, Brigitte Jullien, a cependant réfuté avoir « dédouané la police ». «Les gens attendaient absolument une condamnation de la police, aucune autre réponse n’était entendable à ce moment-là. » « Une enquête judiciaire a été ouverte [...]. Les témoins seront interrogés. L’enquête administrative n’a pas cette fonction », a justifié David Chantreux, chef de l’unité de coordination des enquêtes IGPN.
1. Steve Maia Caniço avait disparu dans la nuit du 21 au 22 juin lors de la Fête de la musique, alors qu’il assistait à un concert au bord de la Loire, où les forces de police étaient intervenues d’une façon jugée disproportionnée par de nombreux témoins, avec usage de gaz lacrymogène. Durant cette nuit, plusieurs personnes étaient tombées dans le fleuve.