En Russie, le Kremlin accentue la pression sur l’opposition
Quelque 685 personnes ont été interpellées hier lors d’une nouvelle manifestation non autorisée à Moscou, qui réclamait l’ouverture des élections locales du 8 septembre aux candidats de l’opposition. Ces arrestations font suite à une autre action de protestation réprimée le week-end dernier, qui s’est soldée par près de 1 400 arrestations – du jamais vu depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012. Les autorités semblent déterminées à écraser dans l’oeuf le mouvement de contestation. La manifestation, qui rassemblait 1 500 personnes selon la police et plusieurs milliers selon l’AFP, se déroulait sans leader, puisque la quasi-totalité des meneurs ont été emprisonnés le week-end dernier. Dernière opposante d’envergure encore en liberté, Lioubov Sobol, une avocate de 31 ans, a été interpellée hier quelques minutes avant le début de la manifestation. En grève de la faim depuis trois semaines, elle a jusqu’ici échappé à la prison du fait qu’elle a un enfant en bas âge.
Une enquête ouverte contre Navalny
Dans le même temps, resserrant l’étau autour du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, la justice russe a annoncé hier l’ouverture d’une enquête pour blanchiment contre son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption, à l’origine de nombreuses enquêtes sur le train de vie et les combines des élites. Dans la dernière, diffusée jeudi, M. Navalny a accusé l’adjointe du maire de Moscou Natalia Sergounina d’avoir détourné des milliards de roubles d’argent public dans la gestion du parc immobilier de la mairie.
Possible empoisonnement
Absent des dernières manifestations, Alexeï Navalny purge actuellement une peine de 30 jours de prison. Hospitalisé le week-end dernier pour une « grave réaction allergique » avant d’être renvoyé en cellule, il a saisi la justice pour un possible empoisonnement. La plupart de ses alliés et des autres meneurs de la contestation ont eux aussi écopé de courtes peines de détention. La justice a également inculpé plusieurs personnes dans le cadre d’une enquête pour « troubles massifs », une accusation lourde qui fait planer la menace de peines allant jusqu’à 15 ans de prison. Cinq d’entre elles ont été placés en détention provisoire vendredi.