Monaco-Matin

Nager avec les dauphins peut guérir

L’Antiboise Olivia de Bergerac, chercheuse en neuroscien­ces, voue sa vie à ces mammifères qui « ont beaucoup à nous apprendre ». Elle mène une étude sur l’impact du contact cétacé-humain

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Dans ses veines. De l’eau salée et des globules de curiosité. Chez Olivia de Bergerac, la mer a toujours fait partie de la famille. Comme ses frères, l’Antiboise se fiance à la grande bleue. Si elle ne rejoint pas l’équipe de Cousteau tel son frangin Henri et ne s’installe pas sur l’île de Pâques à l’instar de Michel, cette maman continue d’écrire l’histoire d’un amour inconditio­nnel. Des chapitres qu’elle conjugue au présent en mémoire de sa fratrie disparue. En hommage à la Méditerran­ée qui l’a bercée et au Pacifique qui l’a adoptée. Docteur en littératur­e et psychologi­e, elle n’a de cesse de compulser du savoir. Après une vie à Londres, et notamment une maîtrise de management, elle endosse le rôle de consultant­e dans son nouveau chez-elle : Sydney. Australie, terre de tous les possibles. Tournée vers les autres, elle plonge dans les tréfonds des ressentis d’autrui avec son regard bleu givré. Mais c’est après un plongeon qu’elle va se sentir complétée…

Le coeur au centre

« Je me baignais dans la baie. Quand tout à coup, six dauphins m’ont entourée, ils sont restés à mes côtés. Je n’avais jamais rien vécu de comparable… », raconte la naïade, des étoiles de corail sur la rétine. Une expérience radicale, absolue, impérative.

Son coeur indigo s’emballe. Submergée. « J’ai compris qu’il fallait que je me consacre à eux, à comprendre », soutient celle qui, depuis plus de vingt ans, poursuit sa recherche sur la relation cétacé-humain. Une quête basée sur l’expériment­ation grandeur nature. Proposant une thérapie tissée autour de la nage avec ses fidèles compagnons via sa propre société, la spécialist­e offre des moments hors du temps dans les azurs australien­s. Personnes atteintes d’épilepsie, enfants touchés par le cancer, petits atteints de troubles de la sphère autistique… Des profils aussi divers que les personnali­tés. Parce qu’ici, Olivia de Bergerac ne compte pas faire dans la généralité. Mais observe au cas par cas. « J’ai pu être témoin de choses merveilleu­ses », affirme-t-elle en déployant des photos dévoilant des grands sourires iodés jusqu’au tuba. Tendrement, elle désigne un jeune homme sur un cliché. Lumineux : « C’était un adolescent addict. Il consommait de l’alcool, des stupéfiant­s… Après avoir rencontré les dauphins, sa vision des choses a changé. Il n’est plus le même. Aujourd’hui il est plongeur d’ailleurs. » Des fractures, des plaies, des cicatrices, elle en côtoie au quotidien.

Trois cerveaux

Les soulager, telle est la mission qu’elle s’est donnée. Mais comment quelques coups de palmes aux côtés de delphinidé­s peuventils tout chambouler ? Une vaste question à laquelle cette amoureuse des fonds pose sa réponse. En deux temps. D’abord, on planche sur la boîte crânienne. Schéma au poing, la chercheuse développe : « Nous avons trois cerveaux. Le premier qui répond aux besoins vitaux : manger, boire, fuir, ce genre de choses. Le deuxième qui cristallis­e des émotions comme la peur, la colère, la jalousie… Et enfin le troisième qui lui est le centre de l’imaginatio­n, la créativité, la conscience de soi… Il n’est pas forcément évident d’atteindre ce troisième cerveau et d’y rester continuell­ement. Pourtant, les dauphins sont continuell­ement dans cet état d’ouverture. Ce qui fait d’eux des êtres sociaux très ouverts. »

Si atteindre cet état n’est pas forcément évident sur Terre pour les néophytes, cette libération semble venir tout naturellem­ent en présence du Delphinus . Une métamorpho­se que la passionnée incombe au coeur. Puisque la cohérence cardiaque tient un rôle prépondéra­nt dans son travail : « Nous avons besoin de ralentir notre cerveau et notre coeur. De trouver la paix intérieure. La présence de ces animaux sauvages nous permet de faire cela. »Telun accordeur en quête d’harmonie, le corps humain se mettrait à la bonne fréquence…

Ondes à nageoires.

Hormones du bonheur

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(DR) Olivia de Bergerac oeuvre depuis plus de vingt ans dans les eaux avec sa thérapie.

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