Trois heures à vélo pour voir Monaco autrement
À pied ou à vélo électrique, la Direction du tourisme et des congrès proposait ce week-end des visites du territoire avec une empreinte carbone nulle. Une belle initiative créée en 2016
Monaco, grâce à nos reportages, on l’a écumé en long, en large et en travers. À pied, bien sûr, mais aussi en voiture, à scooter, en bus et même en bateau. Mais jamais à vélo. Bref, niveau empreinte carbone, on a connu mieux… Alors, quand on a entendu parler des « Monaco Green Days » – une manifestation gouvernementale prêchant un tourisme plus responsable – l’occasion de clamer notre mea culpa était trop belle.
À des années-lumière de nous prendre pour des rois de la grimpette, on a craqué pour une pérégrination à vélo… électrique, ce samedi. Dans ce territoire vallonné et escarpé qu’est la Principauté, autant dire que la batterie de cet engin a été notre meilleur allié.
Explications historiques
Au départ de la gare ferroviaire, Thelma Patel, gérante et guide de Monaco Bike Tours, nous présente la bête… de couleur verte. Forcément. Une autonomie d’au moins 50 km, presque 20 kg à la balance, sept vitesses et trois niveaux d’assistance électrique : faible, moyen, élevé. Il ne faut guère de temps pour s’accoutumer au vélo. Un petit test au onzième niveau du parking et nous voilà lâchés dans la jungle urbaine. Là où il faudrait d’ordinaire débourser 50 euros pour pareille activité, samedi, c’était gratuit pour la dizaine de touristes et locaux à prendre part à la balade.
Les cinq barres indiquent que les recharges sont à bloc. Première halte : l’église Sainte-Dévote. Thelma Patel y conte l’histoire de la Principauté. Comment Monaco, qui flirtait avec la faillite, suite à la perte de son territoire agricole de Menton et Roquebrune-Cap-Martin, a dû se réinventer pour survivre. « La princesse Caroline [la mère du prince Charles III, NDLR] avait compris qu’il fallait faire venir l’argent de l’extérieur, qu’il fallait se focaliser sur le tourisme prestigieux », explique-t-elle. Un petit mot sur les informations chiffrées du pays et l’histoire de la vierge et martyre Sainte-Dévote et voilà que le cortège avale à toute vitesse la rue Grimaldi puis, après un bref stop à la place d’Armes, l’avenue de la Porte Neuve. Ici, pas la peine de se mettre en danseuse pour cette ascension vers le Rocher, le moteur électrique fait le travail. « C’est un bon compromis entre le bus et la marche, confie Deborah Thebault, une Bretonne fraîchement installée à Beausoleil. En temps normal, je ne sais pas si j’aurais pu parcourir autant de distance et découvrir autant de choses en une matinée. Et puis, la chaleur n’est même pas dérangeante. Oui, l’aspect écologique est intéressant même si on se pose la question du recyclage des batteries. »
« Une expérience »
Sur le Rocher, Thelma, toujours en tête de ce mini-peloton, parle désormais d’histoire. D’où vient le nom de Monaco ? Comment les Grimaldi sont arrivés sur le Rocher ? Pourquoi surnomme-t-on François Grimaldi, Malizia ? Autant de réponses que distille la dynamique guide au fil des kilomètres. S’il n’est pas possible de s’arrêter à vélo sur la place du Palais princier, la nouvelle pause se fait au niveau de la cathédrale. Là, Thelma évoque le souvenir de la princesse Grace issue, comme elle, d’une famille irlandaise. « Sa famille a fui la pauvreté en Irlande pour faire fortune aux ÉtatsUnis. Elle est devenue une actrice, une star hollywodienne. Ma mère adorait les films d’elle avec Hitchcock », raconte-t-elle avant d’évoquer la rencontre et le mariage avec le prince Rainier puis sa disparition tragique sur une route de l’arrièrepays. La sortie se poursuit avec le tunnel Louis-II, là où les Formule 1 flirtent avec la vitesse la plus élevée du tourniquet monégasque. La montée du Fairmont se fait sans broncher. L’arrivée sur la place du Casino, à pied également, est ponctuée de quelques savoureuses anecdotes. Il est déjà l’heure de rentrer. Quatre heures de déambulation dont 1 heure de pur vélo et 12 kilomètres d’asphalte avalés. Une visite de Monaco autrement qui, en plus d’avoir aidé à éliminer les agapes de la veille, aura permis d’en connaître plus sur le passé de l’un des plus petits pays au monde. « Avec cette balade à vélo électrique, qui est une découverte via la pratique physique, les gens se souviennent surtout de l’expérience » ,assure Thelma. Et les sourires sincères de la dizaine de participants peuvent en témoigner.