Monaco-Matin

Une brigade anti-mégots à l’assaut des plages

À l’initiative de l’associatio­n « Stand up for the planet », des citoyens se réunissent pour ramasser les cadavres de cigarettes qui polluent le littoral. Vendredi, ils étaient aux Sablettes

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Tels les colibris de Pierre Rabhi, ils butinent sur les plages pour retirer – à leur échelle – les déchets que d’autres ont semés. Depuis le début du mois de juillet, une brigade anti-mégots s’est constituée entre Cap-d’Ail et Menton. Composée de membres volants, libres de venir quand ils le peuvent, elle se réunit chaque semaine sur une plage du secteur (Sablettes, Fossan, Solenzara, Marquet). Et se donne une heure pour soustraire aux paysages idylliques les cadavres de cigarette qui nuisent, au présent et pour l’avenir. Vendredi, pour ouvrir le compteur du mois d’août, c’est sur la plage des Sablettes que les citoyens ont décidé de revenir. Là où lors d’une précédente édition, ils avaient ramassé 4 450 mégots – record d’incivisme jusqu’alors invaincu.

« Posture positive »

Portée par l’associatio­n « Stand up for the planet » et son responsabl­e, le Mentonnais Sébastien Uscher, l’opération s’attache à un principe : pas question de jouer aux donneurs de leçons.

« J’ai pour phrase fétiche “La meilleure autorité c’est l’exemplarit­é” », souligne le jeune père de famille. Insistant au contraire sur l’importance de créer une interactio­n. C’est de cette manière qu’en juillet, des fumeurs ont rejoint les rangs de la brigade ; que d’autres sont venus remettre leur clope consumée. Le souffle un peu coupé, une participan­te s’excuse de son retard. « J’ai passé du temps à argumenter auprès de gens qui estiment que ce n’est pas à nous de le faire… »

Une fois la petite équipe réunie, Sébastien distribue le matériel : gants en latex et bouteilles en plastique vides. Il délivre quelques consignes. « Ayez une posture positive. Si vous passez devant un fumeur qui écrase sa cigarette, vous la ramassez et n’hésitez pas à lui souhaiter une bonne soirée. On ne monte pas dans les tours », sourit-il. Habitués de l’opération et nouveaux venus opinent. Une mère, accompagné­e de ses deux filles, explique ramasser des déchets sur les plages dès qu’elle le peut. Entre amis. Mais, dit-elle, « c’est bien de participer à quelque chose d’officiel pour sensibilis­er davantage de personnes ».

Une fois le top départ donné, chacun sillonne la zone à son rythme. Passant bien régulièrem­ent entre des rangées de serviettes, où des bandes prennent l’apéro. Rapidement, la quête vire à l’obsession. À chaque endroit où il se fixe, l’oeil repère des nids de mégots. « J’en ai compté 50 en cinq minutes. C’est dingue, souffle un nouveau membre de la brigade – qui n’imaginait pas une seule seconde que la plage des Sablettes puisse figurer parmi les plus sales. J’avais pris une petite bouteille, je m’étais dit que je ne la remplirais pas. Mais je crois bien que si en fait… »

« On voit que certains datent de je ne sais pas quel âge », peste une participan­te, décollant du sol un filtre gris comme les galets.

« C’est vraiment dégueulass­e. Cela montre d’ailleurs la pédagogie de cette action : grâce aux bouteilles transparen­tes, les gens voient ce que l’on ramasse », complète un habitué. Conscient qu’en règle générale, les fumeurs ne se rendent pas compte qu’ils polluent en jetant une cigarette. « Ces attitudes sont ancrées depuis des dizaines d’années, il faudra du temps pour changer les mentalités », assure-t-il.

Rayon de soleil à la nuit tombante, un tout-petit s’extrait du groupe où

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Dans une ambiance familiale, la brigade a ramassé près de   mégots aux Sablettes, vendredi.

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