Le coin savant : la surdité de Fauré
Gabriel Fauré est le compositeur auquel sera consacré le concert de cet après-midi. C’est un des compositeurs français les plus précieux du début du XXe avec Debussy et Ravel.
Un compositeur attaché à notre région. Son unique opéra, Pénélope ,aétécrééà l’Opéra de Monte-Carlo. Personnalité importante de la vie parisienne, directeur du conservatoire de Paris, organiste de la Madeleine, chroniqueur au Figaro, il a été amené à fréquenter notre région pour des raisons douloureuses, qui sont peu connues, et sur lesquelles il avait voulu rester discret. Comme Beethoven, il fut atteint de la maladie la plus cruelle pour un musicien : la surdité. Sentant le mal venir, il a, en toute discrétion, abandonné son poste de directeur du conservatoire de Paris, s’est écarté des mondanités parisiennes et est venu se retirer à Nice où il a vécu dans plusieurs villas. Sa surdité présentait une particularité qui lui occasionnait une torture supplémentaire : elle était « déformante », lui faisant entendre les notes graves plus hautes et les notes aiguës plus basses, ce qui engendrait en lui une insupportable cacophonie. Son mal s’aggrava vers la fin de la Première Guerre mondiale. Comme Beethoven, il mettait sur le papier des oeuvres qu’il tenait au fond de luimême mais qu’il ne pouvait plus entendre correctement. C’est à cette époque qu’il composa deux oeuvres que nous entendrons cet après-midi, le e Nocturne pour piano et la e sonate pour violon et piano. Ces deux oeuvres ont une élégance qui cache bien le douloureux secret de leur compositeur.