Deux tueries de masse en un jour : les USA sous le choc
Après une attaque ayant fait 20 morts au Texas, une autre a tué 9 personnes dans l’Ohio. Les deux sont l’oeuvre de tireurs isolés, âgés d’une vingtaine d’années
Les États-Unis étaient abasourdis hier, au lendemain d’une journée sanglante au cours de laquelle 29 personnes ont été abattues dans deux fusillades, au Texas puis dans l’Ohio. Vingt personnes ont été tuées samedi en fin de matinée (en soirée dans l’Hexagone) aux abords d’un supermarché d’El Paso et, moins de 13 heures plus tard, neuf autres dans un quartier animé de Dayton.
● Carnage au supermarché à El Paso, Texas
À El Paso, tout près de la frontière mexicaine, il était environ 10 h 40 lorsqu’un tireur, que les médias locaux ont identifié comme étant Patrick Crusius, un jeune Blanc de 21 ans originaire d’Allen, dans la banlieue de Dallas (soit 1 000 kilomètres à l’est), a ouvert le feu avec semble-t-il une AK47 aux abords et à l’intérieur d’un hypermarché Walmart adjacent à la galerie commerciale « Cielo Vista ». Il a également fait 26 blessés, dont deux enfants. Plusieurs étaient hier dans un état critique.
Le supermarché était plein, avec entre 1 000 et 3 000 clients à l’intérieur, en majorité hispaniques – trois Mexicains figurent parmi les victimes. Des vidéos amateurs montraient des scènes de chaos, avec des gens qui courent pour se mettre à l’abri et des corps au sol. Les forces de l’ordre – police, FBI et SWAT –, arrivées sur place six minutes plus tard, ont appréhendé l’assaillant vers midi (20 heures dans l’Hexagone) sans avoir besoin d’ouvrir le feu, le tireur, qui semble avoir été à court de munitions, s’étant rendu.
Juste avant l’attaque, il aurait publié en ligne un manifeste inspiré par les thèses du suprémacisme blanc (lire cicontre). Sa page Facebook et son compte Twitter, effacés depuis, et des témoignages d’anciens camarades de classe dressent le portrait d’un jeune homme vivant chez ses parents, solitaire, ayant subi des brimades au collège et au lycée et facilement irritable. Il soutenait Donald Trump et le projet de ce dernier de construire un mur à la frontière mexicaine.
● Un bar pris pour cible à Dayton, Ohio
Quelques heures plus tard, à l’autre bout du pays, dans l’Ohio, un autre tireur a semé la terreur peu après 1 heure du matin (7 heures dans l’Hexagone) dans un quartier de bars, restaurants et night-clubs dans le centre-ville de Dayton où se trouvaient environ un millier de personnes. Neuf personnes sont mortes, dont la soeur de l’assaillant, et 27 ont été blessées. Équipé d’un gilet pare-balles, d’un fusil d’assaut de type AR-15 et de plusieurs chargeurs de grande capacité selon le maire de la ville Nan Whaley, l’attaquant – « un homme blanc, tout en noir, le visage dissimulé », selon un témoin – a tiré plusieurs dizaines de coups de feu sur la foule rassemblée devant le Ned Peppers Bar avant de tenter de rentrer dans l’établissement, mais a été abattu en moins d’une minute par des policiers patrouillant à proximité. Les autorités ont confirmé qu’il s’agit d’un jeune homme de 24 ans, Connor S. Betts, habitant au domicile familial à Bellbrook (Ohio). Il avait étudié la psychologie à l’université et avait enchaîné les petits boulots. Ses motivations restaient inconnues hier soir. « pourrit l’Amérique de l’intérieur ». Il fait référence à la tuerie commise par le suprémaciste blanc Brenton Tarrant dans des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande le mars dernier, ainsi qu’à la thèse d’extrême droite du « Grand Remplacement », et y confie sa haine du métissage. Patrick Crusius stipule aussi qu’il « s’est préparé toute sa vie pour un futur qui n’existe pas » et estime que les emplois disponibles se raréfient du fait de l’automatisation et de l’immigration. Il conclut par ailleurs à la nécessité de diminuer la population américaine, car il juge les Américains « incapables de changer leur mode de vie » coûteux en ressources naturelles malgré le changement climatique. Il blâme enfin tous les partis politiques, mais les démocrates en particulier, dont il considère les politiques progressistes comme un moyen d’acheter le vote des immigrés.