Monaco-Matin

Cinq filles ramènent les fêtards chez eux

- ARNAULT COHEN acohen@monacomati­n.mc

« Ah Camille, ma chérie, tu es là!

– Tu as bu… Tu veux que la navette te ramène ?

– Voilà, tu me fais la morale parce que j’ai bu ?

– Non, c’est juste que tu ne dois pas prendre le volant.

– Je vais encore boire un verre à La Rascasse.

– Tu viens nous voir après ou alors tu prends un taxi pour rentrer, OK ? »

Il est presque minuit, samedi 3 août. La discussion se déroule devant le MK, sur la darse Sud. « Camille », c’est Camille Gottlieb, la présidente de Be Safe Monaco (lire cicontre). Avec deux autres membres de l’associatio­n, Laura Dias et Margaux Grundstein, et deux copains bénévoles, la fille de la princesse Stéphanie s’apprête à passer une nouvelle nuit à cet endroit stratégiqu­e où convergent les fêtards de la Principaut­é. Surtout les plus jeunes. Et là, jusqu’à 5 h du matin, elles iront à la rencontre des personnes les plus alcoolisée­s pour les convaincre de ne pas prendre le volant, de les ramener à la maison gratuiteme­nt avec leur navette, sur le territoire de la Principaut­é. «Onvalesdém­archer, on discute, on voit dans quel état ils sont. On leur offre une bouteille d’eau et on propose de les ramener. Ça se passe toujours bien », assure Camille.

Grâce à un partenaria­t avec Monaco Parking, les filles leur remettront au passage un ticket offrant la gratuité du stationnem­ent jusqu’à midi.

« On a même un client fidèle »

Tous les vendredis et samedis soir de l’été, Be Safe s’installe ainsi sur le port, entre La Rascasse et le MK. Impossible de les louper, avec leur kakémono arborant le logo de l’associatio­n, leur navette noire et leur bonne humeur. Elles ont entre 21 et 24 ans, portent le même polo noir floqué au nom de l’associatio­n. Camille Gottlieb, Charlotte Marsan, Andrea Puzar, Laura Dias et Margaux Grundstein se mobilisent à tour de rôle depuis début juillet pour ramener les fêtards chez eux. «Ona même un client fidèle, sourit Laura. Il s’appelle Gérard. On le trouve très souvent avachi près d’une jardinière, devant le MK. Il répond toujours que ça va très bien mais on le ramène à chaque fois chez lui. »

Responsabi­liser les établissem­ents de nuit Les cinq copines essaient aussi de responsabi­liser les gérants de ces établissem­ents. « On leur explique qu’il vaut mieux dire à leurs barmen d’arrêter de servir de l’alcool à des clients qui ont déjà beaucoup trop bu plutôt que de vivre toute sa vie avec la mort de quelqu’un sur la conscience », confie Camille. Un exemple de bon comporteme­nt s’est déroulé le 23 juillet dernier à Fontvieill­e : un barman du Gerhard’s Café a refusé de servir un dernier verre à un jeune homme ivre et a prévenu la Sûreté publique qui a pu interpelle­r l’individu, quelques minutes plus tard, qui zigzaguait dans les rues de Monaco au volant d’une Ferrari, avec 2,54 g d’alcool dans le sang. « C’est encore beaucoup trop rare » ,regrette Camille.

Les établissem­ents de nuit, même s’ils ont du mal à refuser de servir des clients déjà très alcoolisés, soutiennen­t les actions de l’associatio­n, en participan­t au financemen­t de la location de la navette avec chauffeur. Be Safe met aussi à leur dispositio­n des éthylotest­s qu’ils peuvent ensuite distribuer à leurs clients. La sensibilis­ation est en marche. Chaque week-end de l’été, une soixantain­e de fêtards sont reconduits chez eux en navette. Un bon début pour la jeune associatio­n.

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(Photos Jean-François Ottonello) Camille, Laura et Margaux, trois des cinq membres de Be Safe Monaco.

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