70 Quelle heure est-il, Monsieur Beethoven ?
Dimanche après-midi au Palais de l’Europe, le Festival de musique nous a fait découvrir une oeuvre que le grand compositeur avait écrite pour une « horloge musicale »
Le
e Festival est là pour nous faire entendre les musiques qu’on aime mais aussi découvrir des partitions qu’on ignorait. Lors du concert du Palais de l’Europe, dimanche après-midi, les deux jeunes musiciens la flûtiste Mathilde Caldérini et le harpiste Sylvain Blassel, nous ont fait entendre une musique que Beethoven composa à la fin du XVIIIe siècle pour… une horloge musicale. On connaissait ses oeuvres pour piano, pour violon, pour violoncelle, pour orchestre de Beethoven... mais pas pour horloge ! De notre temps, il aurait peut-être été appelé par Rolex ou Cartier. C’est fou ce que l’on ressort comme pièces de Beethoven à l’approche de l’année 2020 où le monde célébrera le deux cent cinquantième de la naissance du compositeur ! Horloge musicale ? Il s’agit d’un objet d’ameublement destiné, bien sûr, à donner l’heure, et qui, dans les salons aristocratiques viennois, était doté, en plus du cadran horaire, d’un petit orgue à tuyaux qui était actionné par un rouleau de boîte à musique. Toutes les heures, le rouleau se mettait à tourner.
Des grands compositeurs ont écrit de toutes petites oeuvres pour ces rouleaux. Mozart, Haydn et Beethoven en particulier. L’une de ces musiques de Beethoven nous a été révélée au milieu du beau concert de la flûtiste et du harpiste. Il était 18 heures 34. Nous l’avons vérifié. Sur l’écran de notre smartphone.
Ces jeunes musiciens qu’on entend au Palais de l’Europe n’ont pas fini de nous étonner. Hier aprèsmidi, c’était le violoniste les possibilités virtuoses du piano. Parmi ces transcriptions, nous entendrons une partita de Bach composée à l’origine pour violon, un extrait du « Songe Pierre Fouchenneret et le pianiste Simon Zaoui. Le premier est azuréen, formé au conservatoire de Nice. Les festivals en raffolent. Cet été, il donnera pas moins de quarante concerts. Le programme du concert d’hier était entièrement consacré à Gabriel Fauré. Ce compositeur écrivait sa musique à l’époque où était construit à Menton le Palais de l’Europe, au début du XXe siècle. Toute une époque, qu’on appelait Belle ! La musique de Fauré en est l’incarnation.
Nous n’hésiterons pas à dire que la prestation du violoniste Pierre Fouchenneret, généreuse et sensible, est l’une des plus belles que nous ayons entendues depuis le début de ce soixante-dixième festival. Il nous a enchantés jusqu’à 19 heures 26, heure à laquelle le concert s’est terminé.
Qui nous l’a dit ? À nouveau l’écran de notre smartphone. Pas l’horloge musicale, bien sûr.
Oui, les temps ont changé. On n’est plus à l’époque où l’on pouvait questionner : « Quelle heure est-il, Monsieur Beethoven ? »