Le coin savant : la folie de Scriabine
Huit oeuvres du compositeur Alexandre Scriabine seront jouées lors du concert de ce soir, par Boris Berezovsky. Étrange personnage que ce compositeur russe ! Mystique né le jour de Noël, il a donné dans la théosophie et la synesthésie – sciences obscures de la religion. Ses oeuvres principales pour orchestre sont « Poème de l’extase » et « Poème du feu ». L’interprétation de ce second « Poème » doit s’accompagner de projections lumineuses (comme cela fut fait il y a trois ans par le Philharmonique de Monte-Carlo). Alexandre Scriabine, qui tenta un jour de marcher sur le Lac Léman et, un autre jour, de faire flotter sa femme dans les airs (les deux fois, en vain !) avait prévu de composer une dernière oeuvre, « Mysterium », pour accompagner un cataclysme mondial d’où devait sortir une humanité meilleure. L’événement devait se produire durant sept jours en Inde ou aux abords de l’Himalaya. Scriabine est mort trop tôt, à ans, dans d’étranges conditions officiellement attribuées à une piqûre d’insecte.
On entendra aujourd’hui sa cinquième sonate qu’il a introduite avec ce texte :
« Je vous appelle à la vie, ô forces mystérieuses !/ Noyées dans les obscures profondeurs / De l’esprit créateur, craintives / Ébauches de vie, à vous j’apporte l’audace ».
La fille de Scriabine, Marina, musicologue, décédée en , a fréquenté le festival de Menton à la fin du siècle dernier.