COUPE DU MONDE MOTO-E Tech, branchement réussi
En parallèle des programmes MotoGP et Moto2 avec KTM, le team varois relève cette saison le nouveau challenge électrique. Où sa recrue espagnole Hector Garzo met les watts d’emblée...
Jamais deux sans trois ! Histoire d’honorer dignement son patronyme, le team Tech3 met les bouchées triples, cette saison, sur les tracés du « Continental Circus ». Outre ses engagements en MotoGP et Moto2, où elle roule désormais pour KTM, l’équipe varoise est en effet branchée à la prise électrique de l’inédite Coupe du monde MotoE dont les trois coups ont retenti un peu plus tard que prévu, le 7 juillet, du côté du Sachsenring (GP d’Allemagne). Contraints de ronger leur frein durant trois mois à cause de l’incendie ayant réduit en cendres toutes les machines produites par le constructeur italien Energica, le 14 mars dernier dans le paddock de Jerez, les 18 concurrents piaffaient d’impatience. Ils n’ont pas attendu pour rien. Après avoir zappé les deux premières échéances du calendrier (Jerez et Le Mans), le pendant sur deux roues de la Formule E est entré en piste outre-Rhin. L’occasion de découvrir cette nouvelle bête de course silencieuse (147 chevaux, 260 kilos)... et de jauger les rapports de force.
Dans le camp Tech3 E-Racing, la bonne surprise s’appelle Hector Garzo. Brillant
animateur du championnat d’Europe CEV Moto2, où il vient de faire triompher une Mistral Tech3 sur le circuit Motorland Aragon, l’espoir espagnol (21 ans) a vite pigé le mode d’emploi de sa nouvelle bécane survoltée, semble-t-il.
Poncharal : « Une saison de rodage »
Deuxième sur la grille, en tête au virage 1, puis à l’affût dans le sillage de ses trois compagnons d’échappée, celui-ci pouvait légitimement envisager d’offrir un podium d’entrée au commando de Bormes-les-Mimosas. Espoir déçu en raison du crash de l’Italien Lorenzo Salvadori qui abrègera la course. « Un mur de protection était endommagé, donc ils ont brandi le drapeau rouge au 5e des 7 tours et entériné le classement après 4 tours », raconte Hervé Poncharal, le patron du team Tech3. « Notre stratégie est ainsi tombée à l’eau. Comme les MotoE possèdent un couple énorme, il fallait impérativement préserver les pneus en début d’épreuve sur ce tracé comprenant quelques virages à pleine charge et des grosses accélérations. Hector respectait son plan de bataille. Il était prêt pour le rush final. Dommage... » Stoppé net dans son élan, le pilote de la moto électrique frappée du numéro 4 devra se contenter du 4e rang, derrière le Finlandais Niki Tuuli, le Britannique Bradley Smith et le Français Mike di Meglio. S’il garde en bouche un arrière-goût d’inachevé, l’emblématique chef d’orchestre varois, également président de l’IRTA (l’association des teams), ne veut pas entendre parler de départ tronqué :
« L’équipe a ressenti une certaine frustration par rapport au scénario de la course, d’accord. Mais globalement, on peut dire qu’on a réussi notre branchement. Guy (Coulon, le directeur technique, ndlr) et ses hommes apprécient ce challenge différent, innovant. Pareil pour la MotoE. Elle s’est très vite relevée de son accident hivernal. Je pense que le public du Sachsenring a été séduit. En piste, ça bastonnait dur ! Par ailleurs, le format ‘‘super pole’’ des qualifications (un seul tour rapide) me paraît intéressant. Voilà, aujourd’hui, nous sommes au stade des balbutiements. Il s’agit d’une saison de rodage. Mais des contacts ont été établis avec les responsables avec la Formule E. Nul doute que cette machine, elle aussi, va vite évoluer, grandir. » La suite ? Rendez-vous tout de suite ! Le deuxième virage se profile droit devant. Ce week-end en Autriche, où Hector Garzo voudra forcément aller plus haut tandis que Kenny Foray, son coéquipier, 14e au Sachsenring, tentera de laisser au placard ses automatismes de spécialiste de l’endurance. Et ensuite ? Si affinités confirmées, le pilote de pointe Tech3 E-Racing pourrait-il décrocher la lune ? « Pour l’instant, Hector a le droit d’en rêver car tout reste possible », répond Poncharal. « Seule certitude : comme cette première édition ne compte que quatre manches, le moindre abandon vous écartera de la course au titre. »
Gare au cXourt-circuit !