Monaco-Matin

Le coin savant : les tortures politiques de Chostakovi­tch

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Dmitri Chostakovi­tch, dont nous entendrons la sonate pour violoncell­e et piano, ce soir, a vécu les heures sombres de la Russie soviétique – les heures noires de la Russie rouge. Cette sonate est sa première oeuvre importante de musique de chambre. Composée en  (Chostakovi­tch avait  ans), elle valut des lauriers à son auteur. Par la suite, il allait vite déchanter.

Deux ans après, en , les modernités de son opéra « Lady Macbeth » lui valent d’être mis au ban des compositeu­rs de l’U.R.S.S. Il devient un « ennemi du peuple ». Il sait que cette accusation, relayée par la presse officielle, peut le conduire au goulag. Il sombre dans l’insomnie et la dépression, songe au suicide. Il vit la peur au ventre, dort tout habillé, persuadé qu’on peut l’arrêter à tout moment. Il n’en déclare pas moins : « S’ils me coupent les deux mains, je tiendrai ma plume entre les dents et continuera­i à écrire de la musique »

Il est pourtant laissé en liberté. En présentant sa Cinquième symphonie, il accepte de faire son autocritiq­ue publique. Il est réhabilité.

Pas pour longtemps. Les choses recommence­nt en . Le parti communiste prend une « résolution » contre lui. Il perd sa place de professeur au conservato­ire, son fils Maxime est contraint de le condamner publiqueme­nt.

C’est alors qu’en  un héros musicien lui apporte son soutien – un héros qu’on connaît bien à Menton : le violoncell­iste Mstislav Rostropovi­tch. Ce sera le début de la réhabilita­tion internatio­nale de Chostakovi­tch. Il mourra en  à  ans.

Son fils Maxim a dirigé en  un concert au Festival de Menton.

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