Monaco-Matin

« Prêts au combat »

Avant l’Euro en France, les Bleus de Laurent Tillie jouent le tournoi de qualificat­ion olympique (TQO), ce week-end en Pologne. Demain, le choc face au pays hôte et ses 15 000 fans survoltés s’annonce bouillant.

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L’Euro pointe le bout de son nez. Le  septembre, les Bleus entreront dans le vif du sujet face à la Roumanie, à Montpellie­r. Mardi dernier, pourtant, ce match d’ouverture du championna­t d’Europe, le premier sur le sol français depuis quarante ans, n’était pas l’actualité brûlante. Quand le sélectionn­eur Laurent Tillie a décroché son téléphone, il n’était pas au vert, avec son groupe, en train de préparer la belle échéance de cette fin d’été. Le Cagnois était à quelques minutes d’embarquer pour Gdansk, cité portuaire posée sur les bords de la Baltique. C’est là, en Pologne, que Ngapeth et les siens lorgnent un billet pour les Jeux de Tokyo. Un tournoi de qualificat­ion (TQO) à quatre dont seul le vainqueur filera au Japon l’an prochain.

Laurent, comment se porte le groupe à quelques jours du grand rendez-vous ?

Il reste des incertitud­es sur le plan physique. Kevin Le Roux est toujours out. Il a eu des problèmes musculaire­s après le Final Four de la Ligue des Nations (VNL), lors d’un stage. Il n’a donc pas pu s’entraîner complèteme­nt. On a Antoine Brizard qui revient après une opération du genou (inflammati­on d’une poche de liquide synovial, ndlr). Les joueurs un peu hors de forme reviennent bien aussi. On n’est pas à  % mais on est prêts au combat. On sait que la qualificat­ion va se jouer beaucoup sur le mental.

Vous sortez d’un bon match de préparatio­n contre les Etats-Unis (succès -)…

Ce match s’inscrit dans la lignée de ce qu’on a réalisé cet été. Ça donne un peu de confiance et valide le travail non-stop fait pendant trois semaines. Maintenant, ce succès n’a pas d’incidence sur le tournoi qui arrive. C’était juste un moment pour bosser les réglages.

Pour décrocher une place aux Jeux, il y avait plus facile qu’un tournoi en Pologne. Se qualifier serait un exploit ?

(Il rit). Totalement. C’est le groupe le plus dur sur lequel on pouvait tomber. Normalemen­t, avec notre classement mondial, on aurait dû avoir une poule un peu plus facile. C’est comme ça. Pour l’instant, se qualifier aux Jeux reste une histoire compliquée pour l’équipe de France (voir chiffre). La Pologne est double championne du monde, joue très très bien et intègre des jeunes parce qu’elle a un énorme vivier de volleyeurs. Elle intègre également l’un des meilleurs joueurs du monde, le Cubain naturalisé (Wilfredo Leon). Si par bonheur on arrive à battre la Slovénie, la Tunisie et la Pologne, ce serait notre plus bel exploit sportif de ces sept dernières années.

Ce serait plus fort que le titre européen obtenu en  ?

Vu la difficulté de notre préparatio­n et qu’on n’est pas à  % partout, oui, ce serait un superbe résultat. Allez, ce TQO ferait partie de nos trois plus gros résultats. L’Euro c’était notre premier titre, un exploit énorme. On avait battu les Italiens puis les Bulgares (-), chez eux, dans une atmosphère extraordin­aire.

Cette Pologne, privée du pointu Kurek mais renforcée par Leon, elle est prenable ?

L’absence de Kurek ne l’handicaper­a pas. Il y a tellement de très bons joueurs à son poste. Elle a au contraire une plus-value avec Leon, son service, ses attaques et son bloc. On espère juste inverser la pression, que ce soit eux qui l’aient.

Comment la faire douter ?

L’objectif principal, c’est de la faire déjouer à la passe, en réception. On devra défendre sur tous les ballons, ralentir leurs attaques pour contre-attaquer derrière. Ne pas leur donner de points faciles, chercher la rupture, les énerver. De notre côté, face à leurs gros services, on devra tenir et jouer en deux ou trois temps pour faire un point. Ça va nous demander beaucoup de patience, de confiance et d’énergie. Si on n’arrive pas à se qualifier dès ce week-end, on pourra être déçus mais ce ne sera pas un drame . *

Y a-t-il des enseigneme­nts à tirer de votre dernier succès (-) en juin (en VNL) face aux Polonais ?

Non, ça n’aura rien à voir. En Chine, les Polonais avaient une équipe différente. C’était pareil pour nous avec un groupe modifié à  %.

Avez-vous tranché concernant votre pointu titulaire, entre Stephen Boyer et Jean Patry ?

Il y a une hiérarchie mais on verra au moment venu (rire).

Boyer a pris un léger ascendant...

On va dire que c’est celui qui a le plus d’expérience.

On parle beaucoup de la Pologne, peu des Slovènes et des Tunisiens, vos autres adversaire­s ?

Pourtant, il ne faudra pas oublier que notre premier match, c’est la Slovénie. Une équipe équilibrée avec la même moyenne d’âge que nous et qui se connaît par coeur. Elle s’appuie sur sept-huit joueurs qui jouent dans les meilleurs clubs européens, comme nos Français. Ils ont la même expérience. Ça va être un premier adversaire très coriace. La Tunisie a battu le Cameroun à la surprise générale en finale des Jeux Africains. Avec un jeu rapide sur les ailes, très propre et peu de fautes. Le volley se développe sur tous les continents.

A un mois de l’Euro, sentez-vous monter un certain engouement ?

On a tellement voyagé à l’étranger qu’on n’a pas vraiment pu s’en rendre compte. On vit vraiment en vase clos. Ce qui est sûr, c’est que les joueurs se sont déjà projetés dans le TQO et le championna­t d’Europe. Monter sur le podium, on ne pense qu’à ça.

Le groupe actuel est-il le meilleur que vous avez dirigé ?

Non, c’est une très bonne génération mais elle est encore en train de se construire. On a déjà réussi l’intégratio­n de jeunes comme Boyer, Patry ou Chinenyeze. Des garçons prennent un peu plus d’expérience ou de place comme Thibault Rossard ou Trévor Clevenot. Pourriez-vous passer la main si vous ne parvenez pas à vous qualifier pour les Jeux ?

On verra ça quand il sera temps (rire). Le sport, c’est l’immédiatet­é. Pour être performant, il ne faut pas trop tirer de plans sur la comète.

Le quotidien d’un club, ça vous manque ?

Mon expérience au RC Cannes (-) m’a laissé un goût

‘‘ Contre la Pologne, il faut chercher la rupture, les énerver ”

‘‘ Passer la main si on ne joue pas les Jeux ? On verra ça quand il sera temps ”

 ?? (Photo AFP) ?? Le sélectionn­eur cagnois a remporté un Euro () et deux Ligues mondiales (, ) avec l’équipe de France, depuis sa prise de fonction en .
(Photo AFP) Le sélectionn­eur cagnois a remporté un Euro () et deux Ligues mondiales (, ) avec l’équipe de France, depuis sa prise de fonction en .

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