Monaco-Matin

Des trésors du passé dévoilés

Les réserves du musée anthropolo­gique de Monaco contiennen­t des trésors de toutes les époques que l’équipe de chercheurs et de bénévoles récoltent sur les chantiers de la Principaut­é

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Quand nous avons demandé à Elena Notter, directrice du musée anthropolo­gique de Monaco si ses réserves contenaien­t des trésors, sa réponse a été immédiate, et enthousias­te.

Car oui, le laboratoir­e de ce bel établissem­ent regorge de merveilles, qui témoignent de la vie passée sur le territoire de la Principaut­é. Installé sur le côté du musée, surplomban­t le Rocher sur lequel la vue est spectacula­ire, le laboratoir­e est une grande pièce bourrée de vitrines, de vieux meubles à tiroir en bois, avec, de ci, de là, des squelettes humains (ou leurs moulages), et des crânes d’animaux qui ont dû en terrifier plus d’un lorsqu’ils étaient vivants.

La directrice nous accueille avec Matteo Romandini, archéologu­e à l’Université de Bologne, Olivier Notter, chargé de recherche au musée, et Kader Mossous, paléontolo­gue médiateur scientifiq­ue et culturel.

Bestiaire

Sur les grandes tables, des pièces ont été préparées. Des éléments récoltés dans tous les coins de Monaco. «De plus en plus, les entreprise­s, et les particulie­rs, qui réalisent des chantiers nous appellent quand ils trouvent des objets » explique Olivier Notter. Une démarche sans doute facilitée par le fait qu’à Monaco, aucune réglementa­tion ne bloque un chantier quand on trouve des éléments archéologi­ques. « Récemment, on nous a appelés un mercredi soir. Nous étions présents sur site le jeudi matin » poursuitil. Quelques heures plus tard, les éléments étaient récoltés. Au menu : des tomettes, une brosse à dents de 1914, et une fourchette en bois. De l’histoire contempora­ine, mais qui restera sans doute pour de nombreuses années, et feront alors figure de relique. Dans la grotte Saint-Martin, où ils effectuent régulièrem­ent des fouilles avec l’aide de bénévoles, ils ont retrouvé de quoi reconstitu­er tout un bestiaire. « Des lions des cavernes, des loups, des hyènes, des bouquetins, des cerfs, des gloutons...» Matteo Romandini n’en finit plus d’énumérer toute la liste des nombreuses espèces qui peuplaient alors ce qui deviendra Monaco, et qui était alors en pleine période glaciaire. Dans les tiroirs, dorment des pièces qui ne demandent qu’à parler. Matteo raconte amusé la première fois qu’il y a mis le nez : « Quand je suis arrivé ici la première fois, Elena m’a sorti une boîte avec des restes animaux. De la toute première boîte, je sors un sachet et je dis à Elena : “c’est une blague ? C’est un reste humain !” C’était un os d’un avant-bras d’enfant, du paléolithi­que supérieur, soit environ 20 000 ans. »

« C’est le reste le plus ancien de Monaco à ce jour. Il a été trouvé en 1900, et personne ne s’y est intéressé » explique Elena Notter. Si à l’époque personne n’avait pensé à s’occuper de ce petit os, c’est sans doute parce qu’il n’y avait pas la technologi­e pour le faire parler. « Aujourd’hui on peut aller plus loin qu’à l’époque : on peut faire des analyses biochimiqu­es, faire des IRM, analyser l’ADN… » détaille-t-elle.

Quelle tête avait-il ?

Dans ces tiroirs, ils ont trouvé un autre trésor : un crâne parfaiteme­nt conservé. Qui estce ? Pourquoi est-il là ? D’où vient-il ?

C’est ce qu’une anthropolo­gue a proposé à Elena et son équipe de découvrir : « Avec son équipe, ils ont étudié les dimensions pour connaître l’âge et le sexe, et savoir s’il avait des maladies... ce genre de données. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de dire que c’est un homme de l’antiquité. On a voulu aller encore plus loin. On a actuelleme­nt un collègue en Espagne spécialist­e des reconstitu­tions, qui est en train de reconstitu­er cet homme. Pour savoir à qui il ressemblai­t exactement. Donc l’adn est en cours d’analyse pour connaître la couleur de ses yeux, de ses cheveux...» Une découverte qui fera partie d’une exposition en 2020 : « Ce sera une exposition très scientifiq­ue est très moderne. Notre but c’est de raconter une histoire et accessible à tous. Parce que tout ça, c’est le patrimoine de Monaco. Et le patrimoine appartient à tout le monde. »

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 ??  ?? Le visage de cet homme est en cours de reconstitu­tion. Il sera au coeur d’une exposition en .
Le visage de cet homme est en cours de reconstitu­tion. Il sera au coeur d’une exposition en .
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Dossier : Ludovic Mercier lmercier@nicematin.fr Photos : Jean-François Ottonello La grotte Saint-Martin contient de nombreux ossements animaux, comme ce crâne de lynx.
 ??  ?? Matteo Romandini ne tient pas un stylo, mais un os d’avant-bras d’enfant, datant du paléolithi­que. Le plus vieux reste humain de Monaco.
Matteo Romandini ne tient pas un stylo, mais un os d’avant-bras d’enfant, datant du paléolithi­que. Le plus vieux reste humain de Monaco.
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Sur le chantier du bassin des tortues, des flacons du XIXe siècle, des silex, des poteries, et une ardoise datée de , avec l’emblème de la Franc-maçonnerie.
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Elena Notter, Kader Moussous, Olivier Notter, et Matteo Romandini.

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