Les maires ont une bonne image… mais sont de plus en plus agressés
Dans le grand discrédit qui touche la classe politique, ils font figure d’exception. Plus de huit Français sur dix (83 %) ont une « bonne opinion » des maires, selon un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche (1), alors qu’ils sont moins d’un sur quatre (38 %) à porter ce jugement sur les élus pris de manière globale (un chiffre qui tombe même à 33 % s’agissant des seuls sénateurs et députés). Une cote d’amour qui ne se dément pas, année après année, et qui se retrouve directement dans les urnes : ils sont 51 % à avoir l’intention de réélire le premier magistrat sortant, selon une enquête Opinion Way réalisé pour Public Sénat les 12 et 13 juin derniers. De quoi faire rêver plus d’un homme politique. Pourtant, la vie de ces élus de terrain est loin d’être une partie de plaisir. Leurs responsabilités se sont accrues, y compris sur des sujets qui, avec l’évolution de la législation, sont de plus en plus techniques, par exemple en matière d’urbanisme – avec en corollaire des risques juridiques souvent difficiles à assumer dans les « petites » communes, où le maire ne peut s’appuyer sur les conseils de spécialistes. Et, proximité oblige, ils sont en première ligne face au mécontentement et à la colère éventuels de leurs administrés.
« Les élus sont en danger »
Après la mort tragique du maire de Signes (Var), Jean Michel, les témoignages affluent ainsi sur le blues qui touche parfois ces serviteurs de la République. Les chiffres sont éloquents. Selon le sondage Ifop du Journal du dimanche, 361 maires et maires adjoints ont été victimes « d’atteintes volontaires à l’intégrité physique » en 2018 : 261 ont reçu des menaces ou ont été victimes de chantages ; les 145 autres l’ont été pour des « violences physiques non crapuleuses ». Et sur l’ensemble de ces élus, 178 ont également été victimes d’outrages. Un phénomène qui a connu une hausse de 14 % entre 2016 et 2018, selon l’hebdomadaire, soit davantage que les autres professions. « Les élus sont en danger. [...] Le respect de la responsabilité municipale, de l’autorité [...] se dégrade d’année en année. Ce qui était un élément marginal il y a dix ou quinze ans devient un élément dominant », alerte le président de l’Association des maires de France, François Baroin.
Un motif d’espoir néanmoins : la tendance serait en train de s’inverser. Ces atteintes à l’intégrité physique des élus auraient en effet baissé de 2 % depuis le 1er janvier. En outre, 65 % des personnes interrogées estiment que les sanctions contre leurs agresseurs doivent être aggravées.
1. Sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1 006 personnes, selon la méthode des quotas, réalisé par questionnaire en ligne du 8 au 9 août 2019.