Questions et théories du complot après la mort d’Epstein en prison
Beaucoup doutent que la pendaison du milliardaire, accusé d’être un prédateur sexuel de mineures et qui était proche de nombreuses personnalités, soit un suicide
Théories du complot et demandes d’enquêtes indépendantes : le scandale enflait hier aux États-Unis après la mort en prison la veille du riche financier Jeffrey Epstein.
Le ministre américain de la Justice William Barr a annoncé l’ouverture de deux enquêtes – l’une du FBI, l’autre des services de son ministère – sur le décès, apparemment par pendaison, de celui qui fut longtemps une figure de la jetset avant d’être incarcéré à New York début juillet pour de multiples agressions sexuelles présumées sur mineures. Mais sans en attendre les conclusions, beaucoup refusent de croire au suicide pour cet homme qui avait invité, dans ses jets privés ou à ses soirées, tellement de puissants que son futur procès aurait pu mettre beaucoup de personnalités, sinon dans le viseur de la justice, au moins dans l’embarras. Donald Trump a lui-même encouragé ce flot de spéculations sur un possible meurtre : il a retweeté samedi soir la vidéo postée par le comédien Terrence Williams affirmant qu’Epstein « avait des informations
sur [l’ex-président, Ndlr] Bill Clinton » et en sous-entendant que cela serait lié à sa mort. Ce qui a aussitôt fait réagir plusieurs candidats démocrates à la présidentielle. En soutien des théories du complot, toujours promptes à enflammer les réseaux sociaux, beaucoup mettaient en avant les quelque 2 000 pages de documents judiciaires rendues publiques vendredi, détaillant les accusations contre Epstein d’une certaine Virginia Giuffre dans une action intentée au civil. Celle-ci citait plusieurs hommes politiques avec lesquels elle aurait été forcée par Epstein d’avoir des relations sexuelles. Tous ont démenti.
L’une des prisons les plus sûres du pays
Autre interrogation : la prison fédérale où se trouvait Epstein, le Metropolitan Correctional Center de Manhattan, est réputée l’une des plus sûres du pays. C’est là, par exemple, que fut enfermé jusqu’en juillet le narcotrafiquant mexicain Joaquin Guzman « El Chapo », à l’origine de deux évasions spectaculaires au Mexique. Et un ex-détenu de l’unité spéciale dans laquelle était incarcéré Epstein a assuré au New York Post qu’il était « impossible » que le milliardaire s’y soit suicidé par pendaison. Selon lui, tout est fait pour rendre un tel geste irréalisable : draps « fins comme du papier », plafonds hauts de plus de 2,5 mètres et lit impossible à déplacer, aucun objet dur ou métallique autorisé en cellule, passage de gardiens « toutes les 9 minutes »… Mais même sans souscrire aux théories du complot, beaucoup s’interrogeaient sur les raisons pour lesquelles Epstein ne bénéficiait plus – depuis le 29 juillet, selon plusieurs médias – d’une surveillance renforcée anti-suicide, alors qu’il avait apparemment fait une première tentative le 23 juillet : il avait alors été retrouvé allongé dans sa cellule avec des marques au cou, même si ses blessures étaient alors sans gravité.
En attendant de possibles images des caméras de surveillance de la prison, certains commentateurs n’excluaient pas qu’il ait pu, grâce à son argent, bénéficier d’aide au sein de l’établissement.
Au milieu de ce tourbillon de spéculations, et alors que plusieurs victimes présumées d’Epstein regrettaient que sa mort les empêche d’obtenir justice, le procureur fédéral de Manhattan a promis samedi soir de poursuivre l’enquête et d’exposer ses éventuels complices, en n’excluant pas de nouvelles inculpations.