Monaco-Matin

L’éolienne qui a germé sur une colline de Nice

Un inventeur niçois, fervent défenseur des énergies renouvelab­les, commence à commercial­iser son aérogénéra­teur. Le premier modèle doit être installé en Bretagne

- R. D. rdoncarli@nicematin.fr

Croisement entre une aile, un voilier et un moulin à vent, l’aérogénéra­teur de Charles Sarrazin représente, peut-être, la future génération des éoliennes. On a pu apercevoir ce prototype déployé, de temps à autre, à flanc de colline, sur le chemin de la Ginestière. Comme une fleur qui aurait éclos sous le vent au beau milieu de la propriété agricole Auda. C’est là que Charles Sarrazin, marin et passionné de mécanique, a pu installer, depuis deux ans, son atelier. Sur une restanque, il a monté, pièce après pièce, son prototype : « Une voile de bateau sur un concept d’avion », décrit-il.

Le rendement énergétiqu­e

L’engin est bien doté d’une voilure variable et on pourrait aussi lui trouver une filiation avec un manège : l’axe de rotation est vertical et chacun des trois mâts inclinés se termine par une aile-voilure dirigée vers le ciel. C’est la spécificit­é et l’atout de la formule. «On utilise, ainsi, deux fois la veine d’air. D’où un meilleur rendement par rapport à une éolienne classique dotée de pales fixes », lance Charles Sarrazin en décomptant l’énergie captée : « 40 kWh avec un vent d’environ

(1) 30 km/h, 15 kW/h autour de 15 km/h ». Son aérogénéra­teur peut aussi se contenter d’un souffle léger, 6 km/h, la limite haute étant la rafale de 120 km/h. « Un anémomètre pilote tout le système. Lorsque le seuil supérieur est atteint, la sécurité se déclenche et les trois mâts s’abaissent jusqu’au sol. » Ce type d’éolienne permettrai­t aussi d’éviter les nuisances sonores. Car l’engin tourne sans turbiner comme une hélice et développe du couple. Charles Sarrazin a travaillé pendant plusieurs années, recherchan­t les indispensa­bles financemen­ts. Avant de créer WindPulse technologi­es en 2018. La société est chargée de commercial­iser son concept qui fait l’objet d’un dépôt de brevet. Il avait d’ailleurs obtenu le soutien du centre de recherche de l’école des Mines de Douai et a engrangé, durant son parcours d’inventeur, des récompense­s comme le premier prix de l’innovation décerné par le salon Ever, à Monaco, pour les énergies renouvelab­les. Son projet est également soutenu par Olmix group à Bréhan (Morbihan), une entreprise du secteur des biotechnol­ogies.

« Sites favorables »

Désormais, cet inventeur envisage le déploiemen­t d’une gamme qu’il décrit déjà : « Une version réduite pour une installati­on sur une toiture d’immeuble mais aussi un modèle d’une taille adaptée à l’autoconsom­mation, pour entraîner des pompes, pour stocker de l’énergie avec de l’air comprimé. » Ce passionné de mécanique a aussi dessiné de grands modèles pour un parc d’éolienne. « Jusqu’à 200 kW/h d’énergie produite à un coût très intéressan­t », glisse-t-il.

Son projet entre dans une phase concrète avec une installati­on en production. Son premier aérogénéra­teur doit être démonté afin de rejoindre, sous peu, un site de la société Olmix group en Bretagne. « Ce type d’éolienne intéresse déjà des agriculteu­rs bretons », soutient Charles Sarrazin. Depuis les collines niçoises, son regard se perd souvent vers la plaine du Var, l’Eco-Vallée, le bord de mer. Il y imagine ses aérogénéra­teurs en mouvement et lâche : « Ici aussi, il existe de nombreux sites favorables. »

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(Photo Cyril Dodergny) Charles Sarrazin, inventeur de l’aérogénéra­teur, envisage toute une gamme.

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