Monaco-Matin

Seins nus sur la plage : une mode qui tombe

Objet de fantasme à partir des années soixante-dix, symbole de liberté féminine, le « topless » a quasiment disparu du littoral niçois et azuréen. Les temps changent. La liberté s’exprime autrement

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Les roploplos à l’air libre sur les plages niçoises ? Tendance complèteme­nt ramollo ! Mais elles sont où les doudounes ? Ne les sortiraito­n qu’en hiver ? Couvrez ce sein que je ne saurais voir… Aujourd’hui, en laissant traîner les yeux sur les galets de la baie des Anges, c’est plutôt, cherchez ce sein… Y’a plus personne au balcon. Ou quasiment. Remballés, enveloppés, enfermés les nibards. À l’abri des regards déplacés. Chastes les filles de maintenant ? Les très jeunes, oui. Certaines n’osent même pas en parler ouvertemen­t. La fille de cette commerçant­e de la rue Barla a 15 ans. « Topless » ? «Jamais de la vie, répond, horrifiée, la mère. Elle et ses copines sont hyper pudiques. On couvre tout. » C’est pas qu’on n’ose pas, on n’y pense même pas. «Jesuis bien trop réservée et chaste, ajoute Laurence. Même quand c’était à la mode, je ne bronzais pas ‘‘topless’’. » Pour que tétasse ne rime pas avec pétasse, pour faire la nique aux harceleurs, les avantages vont donc aux deux pièces et même au une pièce.

Torse militant

Question de génération ? Probable. On revoile le corps et, si on montre sa peau, on l’exhibe tatouée. Une couche de plus. On est loin des soixante-huitardes et post-soixante-huitardes qui, dans les années soixante-dix et jusqu’au milieu des années quatreving­t, bombaient le torse avec arrogance et portaient leurs lolos en étendard, façon militante. MariePaule, 70 ans, soutif bandeau autour des côtes, se souvient du message que véhiculait ce « dépoitrail­lage » collectif en règle : « Je suis une femme, je suis libre, je vous emmerde. Les seins nus étaient un symbole d’émancipati­on, d’ouverture. Montrer ses seins permettait de s’affirmer, de revendique­r une liberté comme celle de prendre la pilule. » La liberté change de camp. Désormais, les filles cachent. Avec volonté. Déterminat­ion. Il est là aussi l’activisme des ados et des jeunes femmes : « Je suis libre de mon corps, explique Iris, étudiante de 20 ans, qui bronze près de Lido plage en body. Être libre, pour moi, c’est aussi dissimuler mon corps comme bon me semble. Je ne considère pas qu’en montrant mes seins, je fasse preuve d’affranchis­sement. Depuis les années soixante-dix, il y a eu bien d’autres moyens de l’exprimer. »

Peur des réseaux sociaux

Après des années à jouer les globe-trotteurs sous le soleil exactement, les miches se fichent pas mal de faire fantasmer. La féminité n’est plus assujettie à une mode. Et puis, il y a des femmes qui se sentent complexées. Qui ont peur du jugement. D’Internet. À Opéra plage, Bérénice est lucide : « Les réseaux sociaux sont parfois redoutable­s et cruels. Avec les portables, omniprésen­ts, n’importe qui peut

d’être prises dans des stories [succession de photos et vidéos] à notre insu et après, la terre entière nous voit à poil. Et ça, non ! » L’autre paravent derrière lequel se lovent les lolos ? La santé. Le cancer, les taches de soleil, ça donne la trouille (lire par ailleurs). Alors au diable les tétons caramel ! De toute façon, comme le fait remarquer Sabine, patronne de Blue Beach, « de plus en plus, la poitrine s’éclipse au profit du postérieur ». Avec le syndrome Kim Kardashian (1), Nicki Minaj (2), les fesses, en effet, s’épanouisse­nt, sortent de leurs limites, débordent, s’étalent. Du coup, le slip tanga hyper échancré devient très culotté…

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Snapper [prise en photo via l’applicatio­n Snapchat]. On risque Valentine Kagenaar) Bronzage topless : pratiqueme­nt plus à la mode sur les plages niçoises et azuréennes. Pour de multiples raisons.(Photo
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Le docteur Henri Montaudié est responsabl­e de l’unité d’onco-dermatolog­ie du CHU de Nice. (Photo Ch. R.)

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