Monaco-Matin

Ados percutés sur la Prom’ : le chauffard laissé libre

Un automobili­ste ivre a percuté deux piétons à Nice dans la nuit de samedi à dimanche. Il a été arrêté après avoir pris la fuite. Les victimes et leurs parents ne comprennen­t pas sa remise en liberté

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Jean-Christophe Michel est en colère. Il estime que son fils aurait pu mourir dans la nuit de samedi à dimanche vers 2 heures du matin, percuté par un chauffard à hauteur du 223, promenade des Anglais, chaussée sud. D’abord soulagé de voir, lundi, son fils de 17 ans sortir de l’hôpital Lenval et de savoir le chauffeur en garde à vue, Jean-Christophe Michel est désormais énervé.

Hier, à 13 h 30, au palais de justice, il a, en poche, l’avis du parquet qui le prévient, dès mardi, que Christophe C. doit être jugé en comparutio­n immédiate le lendemain. Las, l’huissier d’audience lui apprend que l’individu a été entre-temps remis en liberté par le juge des libertés et de la détention. « C’est complèteme­nt fou, s’indigne-t-il. Malgré les commentair­es sur les réseaux sociaux, je voulais croire en la justice. Là, je trouve que c’est un manque de respect vis-à-vis des victimes mais également de la police qui a parfaiteme­nt fait son travail. »

Alors que les chiffres de l’accidentol­ogie dans les Alpes-Maritimes restent préoccupan­ts, la mansuétude

d’un magistrat provoque l’incompréhe­nsion des deux copains et de leurs proches. Plusieurs témoins ont vu un homme irresponsa­ble au volant d’une Renault Clio blanche, prendre des risques inconsidér­és.

« J’ai vu les deux corps voltiger »

L’individu roulait à tombeau ouvert sur la promenade des Anglais, faisait du gymkhana et grillait les feux avant de percuter de plein fouet Andjel et Nakib qui empruntaie­nt un passage protégé pour regagner leur domicile avenue de la Californie. « Le feu était vert pour les piétons. J’ai traversé, ensuite c’est un trou noir », raconte Andjel. Eric, 62 ans, un automobili­ste qui circulait derrière le chauffard, l’a pris en chasse et a réussi à le bloquer à Magnan, devant la caserne des pompiers, avant que la police ne l’appréhende : « Le type d’une trentaine d’années s’est mis à pleurer, il avait peur d’aller en prison. » Témoin de l’accident, le sexagénair­e a imaginé le pire tant le choc lui a paru d’une violence inouïe : « J’ai vu les deux corps voltiger. » Les deux jeunes ont, semble-t-il, roulé sur le capot et le pare-brise avant d’être éjectés. La présence d’esprit d’autres automobili­stes a permis d’éviter un nouvel accident en attendant les secours. À l’issue de la garde à vue de 48 heures, le chauffard devait être jugé en correction­nelle dans le cadre d’une comparutio­n immédiate. Problème : il n’y a pas d’audience le mardi pendant les vacances. Il fallait donc le placer en détention provisoire 24 heures. C’est en tout cas ce qu’avait demandé le procureur de la République. Contre toute attente, le juge des libertés et de la détention a décidé de remettre en liberté l’individu et de fixer son procès au 2 janvier.

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Andjel et Nakib (à droite), les deux copains, victimes du chauffard, ont du mal à comprendre la décision du magistrat qui a repoussé le procès en janvier et laissé libre le prévenu. (Ph. Ch. P.)

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