Draguignan : ils foncent sur la police qui ouvre le feu
Des coups de feu ont éclaté mardi soir, peu après 20 h, suivis d’une course-poursuite dans le centre-ville. À l’origine : une altercation entre un couple de Dracénois et une commerçante
Hier matin, l’histoire était sur toutes les lèvres… ou presque. « Nous étions assis à la terrasse d’un café, place René Cassin, lorsqu’on a vu débouler en trombe un véhicule rouge à la vitre arrière brisée, suivi de près par une voiture de police nationale sur le boulevard Clemenceau, en direction de Chabran, racontait Laura, venue passer quelques jours de vacances dans la cité du Dragon. On s’est demandé ce qu’il se passait, avant que l’on apprenne que des coups de feu venaient d’être tirés vers le cimetière. » Quelques minutes plus tôt, en effet, une altercation s’était produite entre un couple de Dracénois – un homme de 50 ans et une femme de 48 ans – et une commerçante de l’enseigne La petite épicerie, à l’entrée du boulevard des Remparts.
Ivres et sans permis
À la vue des trois fonctionnaires de l’équipage de police nationale du commissariat de Draguignan, appelés par la commerçante, le couple a refusé d’obtempérer et a pris la fuite en voiture, percutant sur leur passage un véhicule 4x4 circulant sur le boulevard. Avant de foncer sur la voiture des policiers, qui ont riposté en tirant cinq balles dans leur direction.
Blessé, à l’épaule pour l’homme et à la mâchoire pour la passagère, le couple s’est ensuite lancé dans une course-poursuite de près de trois kilomètres avec les forces de l’ordre, qui s’est achevée devant l’enseigne McDonald’s, sur l’avenue du Général-Charles-de-Gaulle.
« Ma collègue était en train de mettre les chaînes, lorsqu’elle a entendu un grand bruit » ,racontait, hier matin, un employé de la station-service attenante.
Ainsi stoppé dans sa fuite, le couple a été pris en charge par les secours. L’homme a été conduit au centre hospitalier de Draguignan, et sa compagne à l’hôpital Sainte Anne de Toulon. Leur pronostic vital n’est pas engagé. Selon le procureur adjoint de Draguignan, Pierre Arpaia, l’homme serait « très défavorablement connu pour des faits criminels graves ». En effet, celui-ci avait été condamné en 2001 pour meurtre avec 21 mentions sur son casier judiciaire. Le couple était ivre au moment des faits et l’homme conduisait sans permis. Deux enquêtes simultanées ont été ouvertes par le parquet : une confiée à la circonscription de police urbaine de Fréjus, dans le but de définir la qualification exacte des faits reprochés au couple de Dracénois. Et une seconde, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui permettra de déterminer les conditions d’usage des armes de service des deux policiers auteurs des tirs. D’après le communiqué du parquet de Draguignan, «les deux occupants du véhicule mis en cause, actuellement hospitalisés, n’ont pas encore été entendus à ce stade. Un examen médico-légal a été requis aux fins de déterminer avec précision l’état des blessures avant d’envisager les gardes à vue. Une ouverture d’information judiciaire est envisagée à l’issue de la phase d’enquête de flagrance afin de définir avec précision les circonstances des faits ». Hier matin, travaillant à proximité du commerce où a démarré la course-poursuite, David confiait : «Jedînais en famille, chemin du Peyrard, quand ça a pété après 20 h. Nous avons entendu 4-5 coups de feu en contrebas, puis des sirènes et, quelques minutes plus tard, un hélicoptère. »
«Jenesuispas surpris »
Son appartement donnant sur le boulevard des Remparts, Josette, quant à elle, affirme n’avoir rien entendu. « Probablement à cause de la télé… » Mais elle confie : « Il y a pire, même s’il est vrai que ce n’est pas courant de voir cela à Draguignan. Il faut dire aussi que le quartier n’est pas non plus des plus tranquilles… »
Résidant au-dessus de La petite épicerie, Jean Sébastien confirme : « Je n’étais pas là mardi soir. J’ai simplement vu la police et l’hélicoptère devant le McDonald’s en rentrant du travail. Mais je ne suis pas surpris… Ici, nous appelons sans cesse la police pour des incivilités. Et des accrochages, il y en a presque tous les soirs. Ça montait, ça montait depuis un petit moment et puis, bam, ça a fini par exploser… »