Lisa Rodriguez, l’aéro dans la peau
Championne de France junior de gymnastique aérobic National A en mai 2019, Lisa Rodriguez est une compétitrice dans l’âme. À 16 ans, la Mentonnaise garde la tête sur les épaules. Portrait
Perfectionniste. Appliquée. Autonome. Disciplinée. Ce sont les mots utilisés par sa coach, sa mère, et le président de son club pour décrire sa force de caractère. C’est dire combien la compétitive et discrète Lisa Rodriguez est appréciée et dans son élément à la Garde de Menton, son club de gymnastique depuis 2011. « La gym, c’est moi... C’est un peu moi. D’habitude, je suis très réservée, je ne vais pas trop vers les autres. Mais quand je suis en compétition, je ne me pose plus de questions. Peu importe qui me regarde. Je m’exprime, je suis moins timide », se livre-t-elle.
Après s’être essayée sur le tôt à la natation et à la gymnastique artistique, Lisa est venue naturellement à l’aérobic. Une évidence pour une jeune fille qui s’amusait à faire des grands écarts avec sa soeur, Nina, de trois ans sa cadette, devant la télévision. Depuis, les années ont passé mais sa passion est restée intacte.
A l’heure d’évoquer son titre de championne de France junior National A, elle manque de contenir ses larmes. Qu’importe, Lisa vit à tous les instants. « Tous les soirs, je me faisais la scène. On était aux championnats de France. J’imaginais tout, les juges, les notes... Et le jour même, on se dit “non, ce n’est pas possible, ce n’est pas moi”... On ne réalise pas qu’on l’a fait ». Et pourtant, elle l’a bel et bien réalisé.
Triple championne de France
Et cela n’a rien d’une surprise. La gymnaste n’en est pas à son coup d’essai. Championne de France inattendue en trio benjamine en 2014, elle a, par la suite, redoublé d’efforts pour devenir championne de France junior en solo. En 2018, à l’échelon National B (deuxième niveau national). Puis, en mai dernier, à Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, en National A (premier niveau national). Comme tous les grands champions, ses réussites sportives ne sont pas un coup du destin. Le point de départ de ses deux titres consécutifs remonte à sa – relative – désillusion aux championnats de France 2017. « J’ai eu un déclic. Je me pensais prête, j’avais une chorégraphie très artistique. Je pensais faire un podium et je ne l’ai pas fait (NDLR : 5e). À cette époque, j’étais en National A. Je suis redescendue dans la catégorie d’en-dessous, en National B, pour me remotiver psychologiquement. Et puis, je me suis vraiment dit “il faut vraiment que je gagne”, que je mette toutes mes chances de mon côté, autant pour l’hygiène de vie qu’à l’entraînement. Pour ne rien regretter. Et, à partir de là, j’ai tout gagné ! », confie l’intéressée. À l’aube de sa dernière année junior, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
« Elle aime gagner et s’en donne les moyens »
Pour ce faire, Lisa se fixe continuellement des objectifs. « Ce qui me motive, c’est l’esprit de compétition. Je veux toujours être la meilleure ». Cela se retrouve dans sa chorégraphie, toujours plus exigeante et minutieuse d’années en années. Ce petit gabarit d’1m 55 s’appuie d’ailleurs sur un programme technique. « Ma force, ce n’est pas tant les souplesses, les pivots et les pirouettes, c’est vraiment ce qui est dynamique, en force, comme les réceptions pompe » explique-t-elle. Il faut dire que Lisa s’inspire sans cesse de nouveaux mouvements en faisant notamment des recherches sur l’évolution des notes de ses concurrentes. Ne laissant rien au hasard. Cette année, elle s’est produite sur Vamos à la playa, un titre festif et faisant référence à ses origines latines. « Lisa a la capacité de choisir des choses qui lui ressemblent. Elle sait s’exprimer, elle sait faire ses choix », poursuit Sabine Soldati, sa coach depuis ses débuts. La championne de France s’appuie également sur une organisation sans faille. La semaine, quatre entraînements d’une heure et demie à deux heures. Le week-end, c’est repos et devoirs. Le tout sans jamais mettre son corps en danger pour ne pas subir de blessure qui la pénaliserait sur son temps d’entraînement. « Lisa est une championne dans l’âme. Elle aime gagner et s’en donne les moyens », poursuit sa coach, également enseignante de yoga. « Son chakra racine est bien éveillé. »
Un cocon familial
Elle peut également compter sur une famille attentionnée qui lui apporte tout le support dont elle a besoin. Sa mère, très investie, gère notamment ses transports et son alimentation:« Il faut que les familles jouent le jeu et soient derrière les athlètes parce que cela demande une certaine logistique pour aller les chercher et leur permettre de s’investir à fond ». De plus, Lisa rêve secrètement de monter sur un podium aux championnats de France avec sa soeur, Nina, également inscrite à la Garde de Menton, « Elle aime gagner pour elle et pour son entourage. Elle est reliée à sa famille, ses origines, son club : ce qui la rend stable », reprend Sabine Soldati. Une stabilité qui explique par exemple sa volonté de ne pas intégrer le pôle France (Élite) pour rester auprès des siens. Et dans sa ville de Menton, dont le soutien de la municipalité, de par ses subventions et récompenses, ne
fait que confirmer son choix de rester ici. Chez elle. D’autant plus que Lisa n’est pas seulement une championne d’aérobic. Elle marche fort à l’école et entrera en septembre en première scientifique au lycée Pierre et Marie Curie. « Ce sport a développé des capacités de concentration et d’attention chez Lisa. Comme elle doit tout faire rapidement, elle se concentre très vite sur une chose car elle n’a pas le choix », complète sa mère, Élodie.
Un avis partagé par l’intéressée, qui garde la tête sur les épaules. « L’école est toujours passée avant le sport. Si je n’étais pas bonne à l’école, je ne ferai pas autant de gym. L’école, c’est mon avenir. La gym me permet d’avoir un cadre. Je sais que je dois être très organisée, et concilier les deux à parts égales ».
L’école est toujours passée avant le sport”
« Servir d’exemple »
Plus tard, elle ne se voit d’ailleurs pas dans le sport mais plutôt dans la recherche scientifique. Preuve de sa maturité. « Je crois qu’elle peut servir d’exemple à beaucoup de jeunes où même aux parents qui se disent “d’abord l’école, pas le temps pour le sport”. Elle montre que l’on peut concilier les deux du moment qu’on fait les choses avec conscience et application. Et avoir des résultats à l’école et au sport », confesse son entraîneure. Cerise sur le gâteau, Lisa profite de son été pour se maintenir en forme. Musculation, surf, ou vélo, elle ne s’arrête jamais. Déterminée à encore progresser, elle a même choisi de passer deux semaines de stage à Aix-lesBains, ancien pôle d’entraînement des équipes de France, pour apprendre de Maxime Decker, ancien médaillé aux championnats du monde. Garder un coup d’avance, c’est bien la force de Lisa Rodriguez.
Quand je suis en compétition, je ne me pose plus de questions”