Sur les pas des Romains… jusqu’au Trophée d’Auguste
L’Office de tourisme Menton, Riviera et Merveilles propose un nouveau circuit cet été, de Menton à La Turbie : le parcours de la mythique Via Julia Augusta. On vous raconte tout
C’est une nouveauté cette année. Dans le cadre de ses « circuits de découverte », l’Office de tourisme Menton, Riviera et Merveilles propose pour la première fois de partir sur les traces de la célèbre Via Julia Augusta, ancienne route romaine qui traverse Menton et Roquebrune-Cap-Martin, jusqu’à La Turbie. Le parcours commence au Palais de l’Europe avec l’exposition « Il était une voie, le voyage des Romains en Riviera » (1). Christophe, guide conférencier, plante le décor. Auguste, fils adoptif et désigné héritier de Jules César, est le premier empereur romain (de 31 av. J.-C. jusqu’à sa mort en 14 av. J.-C.). Il marque une étape dans la construction de l’expansion territoriale de l’Empire. Afin d’en fixer les frontières, il fait construire plusieurs voies alpines.
La Via Julia Augusta, la plus méridionale, est créée au lendemain de la pacification des Alpes afin d’assurer le passage de l’Italie vers la Gaule. Ainsi, l’exposition donne à voir des répliques de bornes milliaires, bornes routières de l’époque, mais aussi tout un tas d’objets issus du trésor des Barbati, retrouvé en 1963 sur le territoire de Beausoleil.
Culte des morts
Le voyage se poursuit en navette à Roquebrune-Cap-Martin, à quelques pas de la mairie, où trônent encore les ruines d’un imposant monument funéraire, le « mausolée de Lumone ». Car en ces temps, les cimetières tels que nous les connaissons aujourd’hui n’existaient pas. «Laloiromaine des Douze Tables interdisait d’ensevelir ou d’incinérer les morts dans les villes. Et ce, pour des raisons sanitaires et religieuses », explique Christophe, le guide conférencier. Des tombeaux étaient alors érigés le long des routes, permettant aux vivants de s’y arrêter et ainsi perpétuer le souvenir des défunts. « Il n’y avait pas plus superstitieux qu’un Romain ! »
Le mausolée de Lumone, construit un siècle av. J.-C., est une preuve de ces rites. Sa façade imposante laisse deviner le milieu social élevé des défunts pour lesquels il a été édifié. Lors de fouilles, plusieurs corps ont été retrouvés dans la cave située sous le tombeau.
La navette nous emmène enfin dans les ruelles pavées du village de La Turbie, jusqu’au Trophée d’Auguste (1). Le monument célèbre la victoire de l’empereur sur les peuples des Alpes, définitivement soumis entre 25 et 14 av. J.-C. C’est le point de vue le plus haut de la Via Julia. Il domine la mer, de San Remo à l’Esterel, et se veut l’expression de la toute-puissance et la protection de Rome. Autrefois, l’édifice était composé d’un haut podium carré, surmonté d’une tour bordée de 24 colonnes et dominée d’une statue d’Auguste. Si le Trophée mesurait alors 50 mètres de haut, il ne fait plus que 36 mètres aujourd’hui. Car il a subi plusieurs destructions. Au Moyen Âge, l’édifice, qui n’avait pas été conçu pour être habité, est transformé en tour défensive. Il va conserver cette fonction jusqu’en 1705, date à laquelle Louis XIV va ordonner son démantèlement. Les pierres de taille utilisées pour bâtir le Trophée – issues de la carrière du Justicier, dont les vestiges sont encore visibles à La Turbie – vont être extraites et réemployées pour construire les maisons du village ou son église. Après le rattachement du comté de Nice à la France, en 1860, le Trophée d’Auguste est classé monument historique.
Dès lors, des rénovations vont être entreprises et confiées, notamment, à Jean-Camille Formigé et son fils Jules, architectes en chef des monuments historiques. Grâce au financement d’un mécène américain, Édouard Tuck, ils vont reconstruire une partie de l’édifice. Par ce monument exceptionnel, l’empereur Auguste était ainsi honoré tel un dieu.