DALI INTIME DANS UNE EXPO IMMERSIVE
La foule est au rendez-vous au Grimaldi Forum de Monaco. Jusqu’en septembre, l’artiste espagnol fait l’objet d’une rétrospective qui invite le spectateur à rentrer dans certaines oeuvres, notamment grâce à un casque virtuel.
Une exposition de Salvador Dali sans montres molles, déploiement d’extravagances surréalistes et autres portraits géants d’un peintre à qui le public prête au moins autant de folie que de génie. Voici enfin une face cachée de l’artiste qui se dévoile au Grimaldi Forum jusqu’au 8 septembre. L’exposition retrace soixante ans de création et une inspiration qui va bien au-delà des courants artistiques du XXe siècle dont certains – dont Dali – ont joué avec le marketing jusqu’à s’y fondre et s’y confondre.
Le Dali que l’on découvre grâce à Montese Aguer Teixidor, commissaire d’exposition, brosse toute l’histoire de la peinture, de Leonard de Vinci à Andy Warhol, non pas comme une grande fresque mais bien plutôt dans l’intimité subtile et délicate d’un travail réfléchi, construit, élaboré avec persévérance et respect des grands maîtres.
Jamais sans Gala
Et cette intimité qui saute aux yeux sans pourtant être un parti pris revendiqué de l’exposition, c’est d’abord la relation du peintre et de sa compagne. Dali et Gala. Les oeuvres présentées à Monaco viennent du reste de la Fondation Gala-Salvador Dali.
On visite trop peu d’expositions, on voit trop peu de rétrospectives d’artistes, on lit trop peu de biographies qui évoquent avec justesse le rôle de la femme – muse, mère, amante, accompagnatrice, consolatrice, inspiratrice. Au Grimaldi Forum, Gala est omniprésente ; jamais imposante. Dans les tableaux, sur les photos. On la sait là, aux côtés du peintre, souvent face à lui. C’est ainsi que le visiteur découvre le couple en séjour durant quatre mois à Roquebrune-CapMatin.
À RoquebruneCap-Matin
C’est dans la villa La Pausa de Coco Chanel que fut peinte, notamment, la grande huile sur toile Violettes impériales. Une pièce entière est dédiée à ce tableau récemment acquis par la Fondation Gala-Salvador Dali et suffisamment fragile pour que la fondation de Figueras soit d’abord peu incline au prêt. « Nous avons eu connaissance d’un reportage photographique de Detaille dans la collection de la Société des Bains de Mer et aux archives du Palais princier qui présente Dali, Gala et le tableau tout juste terminé à Roquebrune-Cap-Martin, explique Catherine Alestchenkoff, directrice des événements culturels du Grimaldi Forum. C’est une pièce maîtresse dans l’oeuvre peinte de l’artiste, à une période où il bascule dans une palette extrêmement sombre. Nous sommes en 1938. Ce tableau a sa pleine légitimité ici. » Pour encourager le prêt, le Grimaldi Forum a acheminé l’oeuvre à Monaco quinze jours avant le reste de la collection de Figueras afin de s’assurer de la bonne stabilité picturale. Il a fallu également négocier et renoncer à deux tableaux…
Les gros plans des gigas pixels
Autre approche de la peinture dalinienne : le gigapixel. Une salle est plongée dans le noir. Deux tablettes renvoient à deux écrans géants. Le visiteur peut ainsi zoomer sur tous les détails de deux tableaux : La Mémoire de la femme-enfant et Le Spectre du sex-appeal , minuscule huile sur bois de 17,9 sur 13,9 centimètres. On n’est pas forcé d’apprécier la démarche technologique, mi-ludique, mi-pédagogique. Mais elle permet toutefois d’apporter des éléments d’informations sur les références et donne les explications de l’historien d’art. La proposition saura également attirer les férus de technologie.
Il restera ensuite à s’émanciper de l’outil technologique pour vivre l’émotion en revenant face aux deux tableaux.
Dreams of Dali
Clou technologique, mais cette fois-ci sensible, l’animation Dreams of Dali, librement inspirée du tableau Réminiscence archéologique de l’Angélus de Millet. Il ne faut pas rater cette proposition qui est si peu mise en valeur qu’elle ne figure même pas dans le document fourni avec le billet d’entrée ! Alors certes, le côté Disney dénote, dans le fond et la forme, en fin de parcours de l’exposition. Mais il faut savoir oser l’univers dalinien. Muni d’un casque virtuel, le visiteur s’immerge en 3D dans la peinture et visite les mondes fantasmagoriques de Dali. Une oeuvre secondaire, encore une fois librement inspirée, mais qui prolonge la curiosité.