Bagarre générale et policiers blessés dans la Pinède de Juan
Près de cent cinquante personnes en sont venues aux mains hier au petit matin. Les policiers, visés par des projectiles, ont fait usage de grenades lacrymogènes. Deux d’entre-eux ont été blessés
Des promeneurs, des enfants qui jouent, des vacanciers qui photographient les écureuils escaladant les arbres... Image de carte postale, hier matin, dans la Pinède de Juan-les-Pins. Pourtant, quelques heures auparavant, ici et dans les rues avoisinantes, la violence a fait rage : avec rixes répétées, engageant, selon les policiers, près de 150 personnes, tirs de projectiles sur les forces de l’ordre et répliques par ces derniers de gaz lacrymogènes. Peu avant 5 heures du matin, des policiers patrouillent dans la station balnéaire. Ils assurent leur mission de sécurisation du secteur de la pinède en période estivale. Sous leurs yeux, une bousculade se transforme rapidement en rixe entre une quinzaine de jeunes. Les policiers tentent de les séparer et finissent par utiliser une grenade lacrymogène, tant la violence fait rage. Ils sont rejoints par des CRS, en renfort durant l’été. Les agresseurs se dispersent mais, très vite, des attroupements se forment. Les forces de l’ordre sont invectivées. Des projectiles sont lancés dans leur direction. Certains n’hésitent pas à venir au contact. Âgés d’une vingtaine d’années, les belligérants sont sans conteste sous l’emprise de l’alcool. L’hostilité est telle que les policiers font usage de gaz lacrymogènes, tandis que des agents de la brigade cynophile interviennent. Durant la rixe, l’un d’entre eux est blessé après un coup porté par un des protagonistes. Il gît au sol, tibia fracturé, entouré par deux policiers. L’évacuation du blessé est difficile : un nouveau
groupe important de belligérants s’est formé. Là aussi, il est fait usage d’une grenade lacrymogène pour disperser la foule.
Deux interpellations
Un homme particulièrement virulent qui, assurent les policiers, les insulte, est interpellé par les CRS, après s’être enfui dans la rue Dautheville, toute proche de la pinède. Mais, un groupe d’individus s’est reformé, à l’angle de cette rue et du boulevard de la Pinède. Des projectiles sont lancés : bouteilles, pierres, poubelles... Le groupe veut empêcher l’interpellation. Pour pouvoir s’extraire, les policiers jettent une nouvelle grenade. Le groupe se disperse mais certains des jeunes continuent à faire pression et les agents doivent encore les repousser. Ce n’est pas fini. Un peu plus tard, une nouvelle rixe éclate, cette fois entre une trentaine de personnes. Un homme est à terre, inanimé.
Les policiers, treize au total, jugeant qu’ils n’ont pas les moyens d’intervenir, lancent une grenade et récupèrent l’homme à terre. La blessure de celui-ci, qui a repris conscience, est légère.
Ce n’est toujours pas fini. Renforcés par des effectifs du commissariat de Cannes, les agents interviennent encore pour un mouvement de foule signalé un peu plus loin. À leur arrivée, tout le monde prend la fuite. Le jour commence à se lever. La situation se calme. Au cours des événements, un second individu a été interpellé. Il a été placé en garde à vue au commissariat d’Antibes, rejoignant l’homme qui aurait frappé le policier antibois. Ils seront présentés demain au parquet de Grasse. En attendant, a été placé en cellule de dégrisement. troubles à l’ordre public. Heureusement, ces individus n’étaient pas armés, sinon cela aurait pu virer au drame. Ce sont l’alcool et la bétise qui ont abouti à cela. C’est inadmissible. Nous allons tout faire, en accord avec le parquet, pour lancer une enquête administrative et retracer le parcours de ces individus, notamment grâce au visionnage des images de vidéosurveillance. Il faut savoir où et comment ces jeunes ont consommé de l’alcool à outrance. »
Un plagiste de la pinède est, lui, fataliste : « cela fait des années que l’on assiste à ce phénomène : des jeunes issus d’autres cités voisines arrivent en train et repartent au petit matin. Ils se procurent de l’alcool et c’est explosif. Là, ça a explosé. »
Florian Austruy pointe également des effectifs policiers trop peu nombreux, selon lui. « Cela ne va pas s’arranger la semaine prochaine avec le départ des CRS en renfort et l’organisation du G à Biarritz où les forces de sécurité sont mobilisées...»
Les syndicats de police nationale ont réagi.
Bruno Bartocetti, délégué régional d’Unité SGP Police constate qu’« encore une fois, des policiers ont été pris pour cible. Heureusement, leur sang-froid et leur professionnalisme ont permis d’éviter le pire même si certains d’entre eux ont été sérieusement blessés.» Dans un communiqué, Karine Jouglas du syndicat Alliance dénonce «ce déferlement de violence à l’encore des forces de l’ordre » et demande « à ce que des renforts viennent en soutien à nos collègues de manière pérenne. Au-delà des mots, des acteurs poliques, nous réclamons des actes ! »