Sur l’autoroute, des gars en jaune qui ont du cran
En ce week-end chargé pour les départs et retours de vacances, focus sur les patrouilleurs qui sécurisent le réseau. Un métier où le risque de collision n’est pas une fatalité
Sur le tableau de bord, les écrans s’allument. Christophe Grosjean démarre son patrouilleur et prend l’autoroute à la recherche d’une branche d’arbre cassée, que le PC sécurité a signalée sur une bretelle de l’A50 à Toulon. Le matin même, l’agent de viabilité Escota a ramassé un renard écrasé au bord de l’autoroute. A « piqué » (avec une pince) des déchets sur le bas-côté de l’A57. « C’est une pollution chronique, c’est dangereux, ça nous prend un temps fou et ça nous met en danger », confie-t-il. Et il sait déjà qu’en fin de journée, le trafic sera dense pour le retour des plages. Mais ce n’est pas tout. Hier, Bison futé avait peint la région en rouge, « circulation très difficile », que ce soit dans le sens des
départs ou celui des retours de vacances et aujourd’hui dimanche en orange « circulation difficile » dans le sens des retours.
Après la vitesse, un nouveau fléau
« Les conducteurs sont souvent trop pressés, même si globalement, la vitesse a énormément diminué », explique le salarié d’Escota, scrutant les voies derrière ses lunettes de soleil. Depuis son fourgon, il a une vue plongeante sur l’habitacle des voitures. Le constat est effarant : « Le plus gros truc, c’est le téléphone portable, c’est devenu un fléau. Je les vois, en train de composer un SMS en roulant !, s’exclame Christophe Grosjean. En me voyant, certains cachent le téléphone. » Pathétique et dangereux.
À Escota, on n’est pas policier. Mais c’est sa vie qu’on met sur le bitume, dès qu’on intervient. Mardi soir, sur l’A8, un patrouilleur a fait les frais d’un manque flagrant d’attention, à hauteur de SaintMaximin dans le Var. Percuté de plein fouet, lors d’une intervention pour ramasser un objet sur la chaussée.
« C’est un collègue de La Barque [près d’Aix-en-Provence] qui intervenait, alors que la voie de droite était neutralisée sur une ligne droite de deux kilomètres, avec un balisage en cônes, détaille Sébastien Estrany, surveillant de travaux à Escota, avec un zeste d’exaspération. La voiture a percuté le patrouilleur sans freiner, alors qu’il y avait deux kilomètres de visibilité. C’est donc quelqu’un qui a roulé à pleine allure, sans avoir regardé, sur toute cette distance. » Par chance, le salarié d’Escota n’était pas dans le patrouilleur, qui a été complètement écrasé. Le manque d’attention et de discernement, voilà ce que redoutent les « gars en jaune ». Le conducteur qui ne pense pas à ralentir à l’approche d’un incident signalé. Ou qui ne s’écarte pas d’un patrouilleur en intervention.
Foncer dessus par inadvertance
« Maintenant, c’est prévu dans le Code de la route, c’est verbalisable. Ça coûte 135 euros et plusieurs points ! » Cela s’appelle un corridor de sécurité. Sur l’autoroute, malgré des règles d’intervention strictes et précises, Christophe Grosjean est comme tout le monde : « Dès qu’on le peut, on se place derrière les glissières de sécurité .»
Chaque intervention doit être sécurisée, à la fois pour les usagers impliqués dans l’incident, le flux de circulation qui continue et l’agent Escota qui intervient. « Forcément, on se retrouve à pied, à un moment ou à un autre. » Au final, « le métier peut être dangereux, mais des risques sont évitables. On peut se faire foncer dessus par inadvertance. Même sur la bande d’arrêt d’urgence. » Expérience d’une quinzaine d’années de patrouille.