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Hier à Monaco, Beausoleil et Cap-d’Ail, des commémorations ont eu lieu pour fêter la Libération du 3 septembre 1944. Ce jour providentiel où les habitants ont été libérés du joug nazi
En une fraction de seconde, à 10 h 15 pétantes hier, la rue Grimaldi a fait un bond dans le passé. Soixante-quinze années pour être exact. Après le ballet habituel des automobiles de notre ère viennent se greffer des véhicules d’antan à la carrosserie vert kaki. Des drapeaux américains et monégasques, bercés par la légère brise, sont visibles des curieux. À bord, des bénévoles d’ici et d’ailleurs rejouent la Libération de la Principauté, en ce 3 septembre 1944, par les troupes américaines et les Forces françaises de l’intérieur. Cigares aux lèvres pour certains, grenade factice dans la poche pour d’autres. Des véhicules militaires sortent, pêle-mêle, des soldats « GI », des officiers gradés, une infirmière, des fusiliers marins, un pilote de chasse, un militaire de l’US Navy… Tous pénètrent au coeur de la Maison de France, laquelle fut, jadis, le quartier général de la Résistance à Monaco. Avant le dépôt de gerbes, Jean-Luc Delcroix, vice-président de la Fédération des groupements français de Monaco, se lance dans une synthèse historique. Notamment des mois qui précèdent la salutaire et tant attendue Libération.
, une année cruciale
« 1944 fut une année cruciale pour Monaco, débute-t-il. Le premier événement dramatique a été le torpillage d’un navire dans le port en mars 1943, suivi par des alertes et des attaques aériennes qui s’intensifieront jusqu’en septembre 1944. » Le 14 février 1944, l’état-major allemand décrète que la Principauté se trouve en « zone occupée ». Avec, forcément, les interdictions et punitions inhérentes à ce statut. La Résistance s’organise en coulisses. Dans et en dehors du territoire monégasque. Jean-Luc Delcroix cite alors quelques noms. Des femmes et hommes qui ont payé de leur vie. Torturé, déporté, fusillé ou pendu pour avoir voulu combattre la barbarie nazie.
Des résistants honorés
Parmi ces héros, René Borghini, responsable du groupe « Combat » à Monaco et secrétaire de la présidence du Conseil national, et Esther Poggio, son agent de liaison. Le cortège leur a d’ailleurs rendu hommage au Conseil national, où se trouve une plaque en leur mémoire. Eux n’auront pas la chance de voir Monaco libérée du joug nazi. «Les derniers jours de la présence allemande furent les plus longs de la Principauté qui avait cru qu’elle serait rapidement libérée après le débarquement de Provence (15 août 1944, NDLR). Elle devra encore attendre 19 jours terribles où l’aviation alliée ne laissait aucun répit aux troupes allemandes qui battaient en retraite. En cherchant à détruire leurs défenses, elle faisait des victimes à Monaco et d’importants dégâts. »
À l’instar de ce 23 août où six avions bombardèrent le quartier du Port. La Poste, à proximité du Casino, fut littéralement détruite. Le 30 août, les Allemands sabotent et font exploser le Fort Antoine, l’usine à gaz et une partie de leur blockhaus à Cap-d’Ail.
La nuit du 2 au 3 septembre est orageuse, presque tempétueuse. Les coups de tonnerre se marient à ceux des canons de marine qui visent le Mont Agel. Le 3 septembre, le ciel est clair. Monaco est libérée au même titre que Cap-d’Ail et Beausoleil. Une semaine après Paris.
« Il est essentiel de ranimer la mémoire de ce jour où les habitants de Monaco retrouvèrent le sens du mot liberté », conclut justement JeanLuc Delcroix. Certains, comme Jacques Wolzok (lire ci-dessous) l’ont vécu de leurs yeux. Les plus jeunes générations en auront eu un bref aperçu, hier, dans les rues de Monaco. Le cortège, chapeauté par le Comité de commémoration d’époque section Monaco, terminant sa parade sur la place du Palais princier où un campement militaire avait été érigé dès lundi matin. Le prince Albert II, en voisin, y a d’ailleurs fait un petit tour, saluant et posant avec les figurants d’époque. Lesquels, à 11 h 55, ont assisté à la traditionnelle relève de la garde. Avant que la fanfare, en tunique militaire, ne joue quelques notes devant un public tout aussi attentif. Pour fêter, une nouvelle fois, le goût de liberté. La Libération.