Monaco-Matin

Des animaux arrachés

Plusieurs personnes dénoncent les méthodes de l’Associatio­n justice pour les animaux et souhaitent sa disparitio­n. Sa présidente s’explique et parle d’une volonté concertée de nuire

- AUDREY MINELLI aminelli@nicematin.fr

Même plusieurs mois, plusieurs années après, l’écoeuremen­t est toujours présent. « C’est l’horreur, ça fait deux ans que je suis en dépression. Cette dame a ruiné ma vie. » Depuis l’été 2017, et le passage de l’Associatio­n justice pour les animaux (AJPLA) chez lui, à Nice, Robin assure vivre un cauchemar. Depuis ce jour où, dit-il, la présidente de la structure, Chantal Fontanesi, s’est pointée à son domicile en compagnie d’une policière. « On vient pour votre chien, ouvrez ! », se souvient le jeune homme qui enchaîne : « J’étais avec mon meilleur ami, je ne pensais pas du tout être en tort. Elle est arrivée, m’a demandé le carnet, tous les papiers du chien, elle m’a dit qu’elle allait porter plainte contre moi. »

« On a été abusé »

Lorsqu’elle repart avec son berger blanc suisse d’à peine 1 an, Robin refuse de signer le papier de cession qui lui est tendu. Il apprendra que le signalemen­t à l’AJPLA provient de son ex-petite amie. « Elle a dit que je le privais de nourriture, que je le battais. Elle a dit les pires horreurs du monde, s’emporte-t-il. Mais c’est faux, j’aime énormément les animaux, j’adore mon chien. Aujourd’hui, je me bats pour le récupérer. J’ai été abusé en tous points. Au début, je pensais que j’étais seul… » Puis, Robin tombe sur un article de Nice-Matin. Une histoire similaire.

Celle de Justine (1), résidant à Cagnes-sur-Mer, dont le chat et le chien ont été retirés par l’AJPLA (Nice-Matin du 7 juillet 2018) après signalemen­t d’un voisin. Robin finit par prendre le même avocat que la jeune femme, Me Grégory Sambuchi. Tout comme Jérôme (1), 22 ans, qui vit à Nice, et dont le malinois a été retiré en août par la même associatio­n, pour les mêmes motifs et avec le même procédé. « Ils disent que c’est eux qui ont fait l’enquête or ils ne sont jamais venus chez moi avant ce jour-là. Je n’ai jamais eu de convocatio­n ou de mise en garde », assure Jérôme. Avant de revenir, encore assommé lors de son témoignage quelques mois après, sur le déroulé des faits : « Deux membres de l’associatio­n et trois policiers ont débarqué chez moi un soir où j’étais seul, sans prévenir. Je les ai laissés entrer sans penser à mal. Mais ils n’étaient pas venus pour voir les conditions de vie de mon chien mais pour me le prendre. Dès qu’ils sont entrés, ils ont été agressifs. Ils m’ont dit que ma chienne était maigre, que j’étais sale, m’ont menacé d’amendes. Ils ne m’ont pas laissé me défendre. Un des membres a même balancé la gamelle d’eau à travers mon salon. C’est à ce moment-là que je leur ai demandé de partir. J’étais en pleurs, j’ai signé le papier de cession. » Tout comme Justine, il dit l’avoir fait sous la pression. Pensant être dans son bon droit et pouvoir organiser sa défense après coup.

« C’est terrible »

Aucun d’eux n’a revu son animal. « Avec une signature sous la contrainte, ils ont réussi à me prendre mon chien et à en devenir propriétai­re, proteste Jérôme. Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas le droit de me défendre. » « C’est votre parole contre la nôtre », lui aurait lancé Chantal Fontanesi par téléphone le soir même alors que le jeune homme tentait de s’expliquer. «Etpuissi mon chien était maltraité depuis ses 2 mois, le vétérinair­e l’aurait constaté non ? », souffle-t-il.

« Avoir signé un acte de cession, c’est terrible », lâche Me Sambuchi.

Mais le combat est tout aussi périlleux pour Robin, qui a pourtant refusé de signer le document. En octobre, le tribunal de Nice l’a condamné à payer des amendes « pour ce qui a été constaté sur le coup » mais le retrait du chien n’a pas été demandé. « Aujourd’hui, je ne l’ai toujours pas récupéré. Ce n’est pas de la maltraitan­ce, ça ? » Face à ses dossiers AJPLA, Me Sambuchi dénonce une associatio­n qui « ne respecte pas de règle. À chaque fois, dans chaque dossier, on sort du cadre de saisie légale ».

Il a, au nom de Robin, déposé une plainte contre X auprès du procureur (lire ci-dessous) pour « saisie irrégulièr­e d’animaux », « menaces », « violation de domicile », « atteinte à la vie privée » et «dénonciati­on calomnieus­e ».

« Il y en a marre de cette dame [la présidente de l’AJPLA]. Aucun dialogue n’est possible avec elle. C’est une militante qui va trop loin. Veut-elle faire de l’argent en vendant les animaux ? On veut que son associatio­n ferme, qu’elle ne soit plus présidente, que les gens ouvrent les yeux et qu’elle soit décrédibil­isée. »

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(Photos Franck Fernandes et DR) Maya (ci-dessus) et Pacha (à droite).
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