Monaco-Matin

À leurs propriétai­res ? « On est là pour que la personne réagisse »

- A. MI.

Chantal Fontanesi est inquiète. Il y a quelques jours, la critiquée présidente de l’Associatio­n justice pour les animaux (AJPLA) a déposé plainte au commissari­at Foch notamment pour agression, diffamatio­n et appel à la haine. «Jemebalade avec ça dans la poche maintenant », lâche-t-elle en sortant une petite bombe lacrymogèn­e.

Dans la tourmente après plusieurs dépôts de plainte pour « saisie irrégulièr­e d’animaux » (lire ci-contre) et « une multitude d’accusation­s diffamatoi­res sur les réseaux sociaux », appuie-telle, Chantal Fontanesi «ne parlera pas des procédures en cours. Je préfère laisser la justice travailler dans le calme. »

Accompagné­e d’Anne-Marie David, directrice de l’Alliance pour le respect et la protection des animaux (Arpa) (1), elle est venue expliquer sa façon de travailler. La même depuis 2011 et la création de l’AJPLA.

« Il est de notre devoir d’enquêter »

De nombreux dossiers et photos à l’appui, elle parle de Gena, Xena, Pipo, Rex ou encore Luigi. Chats et chiens sauvés par l’associatio­n et qui profitent, désormais, d’une nouvelle famille. D’une nouvelle vie. « Lorsque nous recevons un signalemen­t, anonyme ou pas, on prend les premiers renseignem­ents par téléphone [2]. Puis, on demande une enquête. L’enquêteur va sur place. Il doit respecter une charte [de bonne conduite] », pose-t-elle. Interdicti­on, notamment, « d’entrer chez les gens » s’ils ne sont pas là. Prendre des photos depuis l’extérieur ? « C’est tangent », intervient Anne-Marie David qui poursuit : « Nous, associatio­ns, avons des pouvoirs extrêmemen­t limités mais les pouvoirs publics nous demandent énormément et renvoient tout sur les associatio­ns. » Alors parfois, on fait avec les moyens du bord. « On bricole et on prend des risques aussi ,appuie cette dernière qui se souvient, entre autres, d’un poignet cassé et d’une épaule démise lors d’interventi­ons. Mais notre conscience nous dit d’enquêter. Il est de notre devoir de le faire. » D’ailleurs, les deux passionnée­s appellent à la création d’un statut officiel de l’enquêteur et à des formations dans chaque départemen­t. « Ça donnerait un vrai statut à l’enquête assistance. »

« Nous ne pouvons pas saisir un animal »

Mais même sans cela, «le cadre légal » doit être respecté, rappelle Chantal Fontanesi. Elle explique : «On est là pour que la personne réagisse. Lorsqu’on rencontre quelqu’un qui maltraite et ne s’en rend pas compte, il y a des visites de suivi. Notre but est que la personne prenne conscience de ce qu’elle fait et qu’elle garde son animal. » Et de revenir sur un cas, à La Madeleine, où un monsieur laissait son chien sur son balcon d’1,50 m. « Ce chien n’est pas reparti avec Chantal, rapporte Anne-Marie David. Il est désormais promené le matin et le soir, et n’est plus sur le balcon. » Ou sur cet autre chien, Luigi, que son maître a accepté de céder après plusieurs semaines d’échanges avec l’enquêtrice. Mais que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas cet « éveil du coeur » ? « Lorsque les maltraitan­ces sont avérées, qu’il y a un déni de la part des gens et qu’ils refusent de nous le céder, on dépose plainte pour maltraitan­ce », résume la présidente de l’AJPLA. Le dossier arrive alors entre les mains du procureur de la République.

« Lorsque tout le monde a été entendu, c’est le parquet qui décide du retrait ou non de l’animal, poursuit-elle. Si le retrait est demandé, ce sont aux forces de l’ordre d’intervenir. Nous ne pouvons pas saisir un animal. »

« Je suis claire, je connais notre éthique »

Un acte de cession peut-il être signé sous la contrainte et la pression ? « Lorsque nous allons sur place, nous avons un classeur pour expliquer aux gens ce que l’on fait pour sauver les animaux, détaille Chantal Fontanesi. On essaie de les convaincre que l’animal a de mauvaises conditions de vie, que l’on doit le prendre et qu’ils doivent nous signer un acte de cession. S’ils refusent, on expose les amendes et peines encourues. Il n’y a pas de menace. Simplement une notion de droit et de devoir. »

« C’est un combat super difficile au quotidien », confirme Anne-Marie David qui remet les choses dans leur cadre : « On n’intervient pas parce que le panier est vieux ou parce qu’il n’y en a pas, parce que la gamelle est à gauche et pas à droite, etc. La maltraitan­ce, c’est un animal battu, qui ne peut pas se défendre, qui vit dans ses excréments et dans des conditions qui ne sont pas compatible­s avec ses besoins physiologi­ques. » « Nous ne sommes pas du tout des ayatollahs de la protection animale », tranche Chantal Fontanesi.

« Et qu’on me prouve que j’ai revendu un seul animal pour du profit ou que les vétérinair­es nous font des certificat­s de complaisan­ce ! », s’agace-t-elle. Avant de conclure : « Il y a une volonté de certaines personnes de nuire à l’associatio­n dans une action concertée. Je suis claire et tranquille, je sais comment on travaille, je connais notre éthique. »

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(Photo A. Mi.) Chantal Fontanesi, présidente de l’AJPLA (à gauche), et Anne-Marie David, directrice de l’Arpa.

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