Monaco-Matin

Assises :  ans pour l’agresseur de retraités à Èze

En appel, les assises du Var ont rajouté une période de sûreté des deux tiers pour sanctionne­r une agression à domicile très violente, dans laquelle une des victimes a perdu l’usage d’un oeil

- G. D.

Le Cagnois Riad Hafiane n’a pas obtenu l’acquitteme­nt qu’il espérait, en appel hier devant la cour d’assises du Var (lire nos éditions d’hier).

Les jurés varois lui ont infligé la même peine de vingt ans que ceux de Nice l’an dernier, pour une violente agression crapuleuse au domicile d’un couple de retraités d’Èze (Alpes-Maritimes) en octobre 2015.

Ils l’ont même aggravée, en l’assortissa­nt d’une période de sûreté des deux tiers, avant laquelle aucune libération conditionn­elle ne sera à espérer.

Diminuée mais pas démoralisé­e

Le moment fort des débats d’hier restera la déposition à la barre d’Iris, 82 ans. Définitive­ment privée de l’oeil droit, par les coups de poing qu’elle a reçus au visage, elle a fait preuve d’une capacité de résilience et d’une grandeur d’âme peu communes. « Je vais de l’avant. C’est dans ma nature. Mais ma vie a complèteme­nt changé. Je déteste ce mot, mais je suis devenue borgne. Mais je veux continuer à faire des projets dans ma maison. Je n’ai pas peur. »

Comme son mari, elle n’a aucune haine contre leur agresseur.

« Je pense qu’il est irresponsa­ble. Qu’il se complaît dans sa vie négative. Je le plains d’être comme ça. »

Face à cette femme, dont il a gâché la vie en la prenant pour un punching-ball, Riad Hafiane a soutenu qu’il n’était jamais rentré chez elle et n’avait commis aucune violence.

Que penser du fait qu’il ait été pris en chasse dès sa sortie de la villa des victimes avec son complice ? Qu’ils aient été poursuivis en continu par les policiers municipaux jusque sur la plage de Villefranc­he-sur-Mer, sous l’oeil des caméras de vidéosurve­illance ? Et que ceux-ci l’aient sauvé de la noyade après qu’il se soit jeté à la mer pour leur échapper ?

Il a expliqué qu’un cousin l’avait déposé en voiture devant la plage, où il s’apprêtait à courir un semi-marathon, quand les policiers sont intervenus et qu’il avait eu peur.

Ses explicatio­ns ont été aussi peu convaincan­tes quant à la nécessité de porter un casque de moto pour courir.

« Ils font preuve d’un optimisme déconcerta­nt » , a résumé Me Laetitia Germanetto pour caractéris­er l’état d’esprit des victimes.

L’excuse de marginalit­é

Sur la culpabilit­é de l’accusé, l’avocat général MarieLaure Ferrier estimait ce dossier « confortabl­e pour la cour, tant les preuves sont accumulées contre Riad Hafiane ».

Sur la peine, « le maximum de trente ans a sa place dans ce dossier ».

Pour autant, l’avocat général a considéré qu’il fallait tenir compte, dans les circonstan­ces atténuante­s, du fait que l’accusé était un marginal.

Elle a requis la peine qui a été retenue par la cour. Commis d’office en juillet dernier, Me Mohamed Bourguiba n’avait pas choisi l’accusé, ni ses arguments de défense empreints de délire. Mais il a respecté la volonté de Riad Hafiane, pour plaider « à mon corps défendant » un acquitteme­nt.

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Dans ses réquisitio­ns, l’avocat général a tenu compte de la marginalit­é de l’accusé, évoquée par l’enquêteur de personnali­té. (Croquis d’audience Rémi Kerfridin)

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