Monaco-Matin

Braquage à moto à Nice TNL: « On était terrorisée­s »

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Priscilla, la trentaine élégante, était vendeuse à la bijouterie Histoire d’or, le jour du braquage, le 19 octobre 2016. Hier, elle se présente à la barre des assises. «Essayez de vous détendre », lui conseille le président Patrick Véron. Priscilla est aujourd’hui policière municipale. La galerie commercial­e de TNL venait d’ouvrir. « J’ai entendu le bruit du scooter T-Max. Un individu a crié : “Bougez pas, on est armé !” » La scène est digne du cinéma. Trois hommes juchés sur une moto et sur un scooter viennent d’entrer plein gaz dans la galerie commercial­e !

« J’ai couru vers ma collègue, je l’ai poussée dans la salle de repos. On s’est enfermées dans les toilettes. J’ai composé le 17. On a eu très peur. On était terrorisée­s. »

« Vous avez eu un très bon réflexe », remarque le président. L’avocat général David Coullaud salue à son tour « le sang-froid » de la victime.

Priscilla poursuit son récit sans faillir. La ville était encore traumatisé­e par l’attentat. Elle-même était sur la promenade des Anglais le 14-Juillet : « On entendait que ça cassait dans le magasin. Tout s’est éteint. On n’osait pas sortir. Un agent de sécurité a crié mon prénom. On est sortis, ça sentait la gazeuse. » L’atmosphère était saturée de lacrymogèn­e. Cinq vitrines étaient détruites. Les plus précieuses avaient été épargnées. Des bijoux jonchaient le sol, abandonnés par les malfaiteur­s dans leur fuite.

« Je regrette d’avoir fait peur à tout le monde »

Malgré l’appréhensi­on, la jeune femme a continué de travailler à TNL après l’attaque. Le braquage a accéléré sa reconversi­on, elle qui a toujours rêvé d’intégrer la police.

Ines, la seconde vendeuse, imagine que la scène a duré «cinqà dix minutes ». Deux minutes en réalité. Depuis, la jeune femme n’a plus jamais travaillé en bijouterie. Aucune victime ne s’est portée partie civile. Autrement dit, personne ne demande réparation de son préjudice, pas même la bijouterie.

Youssef Lyassili, l’un des malfaiteur­s, demande la parole. Les yeux dans les yeux de Priscilla, l’accusé fait son mea culpa : «Je regrette vraiment d’avoir fait peur à tout le monde. Je n’ai pas réfléchi. » « C’est bien ce qu’on vous reproche. C’est de ne pas réfléchir avant de passer à l’acte, rebondit le président. Vous lui avez laissé un souvenir détestable. C’est ce qu’on appelle un traumatism­e. » Siddi se confond lui aussi en excuses, encouragée par Me Emmanuelle Vial, son conseil. Il confie que l’une des armes utilisées est celle qu’il a volée lors du braquage d’un PMU, boulevard Gambetta, à Nice, dix jours avant celui de TNL (1). « J’accepte leurs excuses. J’espère qu’ils ne recommence­ront pas », conclut Priscilla. Salim Amimer, 35 ans, est le seul à ne pas s’exprimer. Logique : il a toujours nié toute participat­ion à cette attaque spectacula­ire.

« J’ai tout fait pour m’en sortir »

Qui est le troisième homme ? Les propos sans arrêt contradict­oires de Siddi et Lyassili n’aident pas à la clarté des débats. Me Lionel Ferlaud, avocat de Lyassili, prévient : «Ilsontpeur.» Dans ce milieu, le pire est de « balancer ». Salim Amimer, ancien trafiquant de drogue, gagnait plus de 2 500 euros au moment de son arrestatio­n par la BRB. Il cumulait deux boulots de chauffeur-livreur. Il a quitté la Seine-Saint-Denis pour se mettre au vert sur la Côte et a toujours été mis hors de cause par les deux autres. « J’ai tout fait pour m’en sortir. Je travaillai­s toute la semaine comme un acharné, Monsieur le président. » Comment l’imaginer tremper dans un casse aussi minable qui a rapporté au mieux 700 euros à ses auteurs ? Les arguments de son avocat, Me Éric Scalabrin, sont esquissés. Place au réquisitoi­re et aux plaidoirie­s aujourd’hui.

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