La cistude d’Europe est menacée par les espèces de tortues exotiques
Passées de mode ou devenues trop encombrantes, les tortues exotiques finissent parfois dans la nature, abandonnées dans les forêts, retenues ou cours d’eau par leurs propriétaires inconséquents. Ainsi, certaines exercent une pression sur la cistude d’Europe (emys orbicularis), tortue endémique de la région Provence-Alpes- Côte d’Azur. La situation se corse au vu du nombre de plus en plus grand de ces aliens (au sens figuré : étranger à un groupe). Lors de captures et de comptages effectués en 2017 et cette année à Agay (Var) par les animateurs Natura 2000 de la communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée, une vingtaine de spécimens de tortue de Floride à tempes rouges (trachemys scripta elegans )etde sa cousine de Floride à ventre jaune (trachemys scripta scripta) ont été découverts.
Un risque sanitaire
« Une fois relâchées, ces tortues exotiques présentent un risque sanitaire pour la faune endémique, en raison de la possible transmission d’éléments pathogènes pouvant lui être fatals, explique Sébastien Caron, de la Station d’observation et de protection des tortues et de leurs milieux (SOPTOM), association de protection des tortues terrestres. De plus, elles entrent en compétition avec la cistude d’Europe, notamment pour les sites d’ensoleillement et les ressources alimentaires. »
Déjà en forte régression du fait de la dégradation de ses habitats, cette dernière n’a pas besoin de cette concurrence. Ces tortues exogènes ont même réussi à s’adapter au climat et à se reproduire puisque des juvéniles ont également été trouvées. Les équipes ont prélevé également deux autres espèces de tortues exotiques, dont une qui est en voie d’extinction à l’état sauvage dans sa région d’origine en Asie. Toutes ont été remises au Village des tortues de Carnoules, « à des fins scientifiques et pédagogiques », précise Sébastien Caron.
Ce dernier recommande aux particuliers d’y réfléchir à deux fois et de mesurer l’engagement qu’ils prennent en achetant une tortue en animalerie.
La plupart d’entre elles, qui nécessitent des conditions d’accueil spécifiques selon les espèces (terrarium, vivarium, aquarium), vont devenir de grande taille et peuvent vivre plusieurs dizaines d’années.
« Elles sont beaucoup mieux dans leur habitat naturel qu’en captivité » conclut-il.